Le fameux test Pap a fait des miracles pour détecter les cancers du col de l'utérus, diminuant drastiquement la mortalité associée à cette maladie. Des chercheurs pensent maintenant pouvoir refaire un coup semblable avec les cancers de l'utérus et de l'ovaire.

Les scientifiques, dont certains rattachés à l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, ont mis au point une façon de détecter ces deux types de cancer en repérant les mutations génétiques qui les causent. La procédure peut se faire en analysant les fluides récoltés par le test Pap, mais s'avère encore plus efficace avec l'utilisation d'une brosse Tao, qui permet de dépasser le col de l'utérus pour atteindre l'utérus lui-même.

« C'est un test non invasif qui peut être fait par un gynécologue. On aimerait que ça devienne un test standard, gratuit, disponible dans n'importe quel cabinet médical », dit Kris Jardon, gynécologue-oncologue au CUSM, chercheur à l'Institut de recherche du CUSM et l'un des auteurs de l'étude.

Le spécialiste estime qu'il faudrait environ quatre ans pour terminer les études et implanter ces tests à grande échelle. Les travaux ont été menés par des chercheurs de l'Université John Hopkins, à Baltimore, en collaboration avec des chercheurs canadiens, suédois et danois. Ils ont été publiés mercredi dans la revue Science Translational Medecine.

Tests déficients, mortalité élevée

Les tests de détection actuels pour le cancer de l'utérus (aussi appelé cancer de l'endomètre) et le cancer de l'ovaire peinent à détecter les cas précoces. L'autre inconvénient et qu'ils distinguent mal les affections bénignes des cancers, générant un grand nombre de faux positifs. Cela soumet les femmes concernées à du stress et des examens invasifs inutiles. À cause de leur faible performance, ces tests ne sont passés que lorsque des symptômes sont décelés, et il est souvent trop tard. Ensemble, les cancers de l'utérus et de l'ovaire sont la troisième cause de mortalité liée au cancer chez les femmes.

La nouvelle méthode de détection repose sur l'identification de 18 mutations génétiques qui révèlent la présence de ces cancers. Les chercheurs ont testé leur méthode sur plus d'un millier de femmes, certaines atteintes d'un cancer, d'autres, non.

En analysant les fluides récoltés avec le Pap test, la méthode a permis de détecter 81% des cancers de l'utérus et 34% des cancers de l'ovaire. Ce sont les chercheurs montréalais qui ont proposé de refaire l'étude avec la brosse Tao. Cette méthode fait grimper les taux de détection grimpent à 93% et 45% respectivement.

« Cette proposition a porté ses fruits. Plus on prélève des cellules près de l'origine du cancer, plus les résultats sont bons », dit le Dr Jardon.

Fait intéressant, les faux positifs sont pratiquement inexistants avec ces méthodes. « Le grand avantage est qu'on parvient à détecter les cas précoces. Et quand on fait ça, on peut guérir les patients », souligne aussi le chercheur Kris Jardon. Avec la brosse Tao, les taux de détection des cas précoce sont de 90% pour le cancer de l'utérus et 47% pour le cancer de l'ovaire. Ce dernier est toujours plus difficile à détecter, car on ne peut atteindre les ovaires directement. Les cellules cancéreuses doivent migrer vers l'utérus pour être détectées.

Il faut garder en tête que la méthode a été testée sur des cas déjà diagnostiqués. Les chercheurs veulent maintenant la tester dans un vrai contexte d'utilisation, où les cas précoces et les cas difficiles à détecter seront plus nombreux. « Cette étude est déjà commencée », révèle le Dr Jardon.

Le chercheur rappelle que le déploiement à grande échelle du test Pap a fait passer le cancer du col de l'utérus de la troisième à la quinzième place au triste palmarès des cancers qui tuent le plus chez les femmes. « Notre but, c'est maintenant de faire diminuer la mortalité du cancer de l'ovaire et du cancer de l'utérus », dit le Dr Jardon.

Au Canada, chaque année...

• 7300 femmes reçoivent un diagnostic de cancer de l'utérus, dont 1200 s'avéreront mortels.

• 2800 femmes reçoivent un diagnostic du cancer de l'ovaire, dont 1800 s'avéreront mortels.