Médicaments distribués en retard ; services donnés aux patients selon un horaire trop rigide ; manque d'accompagnement de personnes vulnérables. La Protectrice du citoyen devrait enquêter sur ces formes de « maltraitance organisationnelle », estime la Centrale des syndicats du Québec.

La CSQ a formellement demandé mardi à la Protectrice du citoyen d'enquêter sur cette forme de maltraitance de l'organisation, qui est engendrée par un manque de personnel ou du personnel surchargé de travail, bref par des choix de gestion.

Au cours d'une entrevue, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, a dit croire en la nécessité d'une enquête de la Protectrice du citoyen pour lever le voile sur l'ampleur du phénomène de la maltraitance organisationnelle et, surtout, y trouver des solutions.

Il peut s'agir de patients qui ne reçoivent pas leurs médicaments à l'heure, par exemple, de gens qui ne peuvent pas prendre suffisamment de bains, de personnes vulnérables qui font des chutes dans une unité de soins, faute de personnel en nombre suffisant ou de personnel surchargé de travail, à cause de choix de gestion, a illustré Mme Chabot.

« Pour nous, c'est une façon de prévenir des risques, d'interpeller la Protectrice du citoyen, qui a tous les mandats pour analyser la qualité du système. Elle pourrait mener des enquêtes de sa propre initiative pour faire des actions préventives », a expliqué Mme Chabot.

« Ça nous apparaît (nécessaire), dans le contexte actuellement de l'organisation des soins - ou je devrais dire de la désorganisation des soins - que la Protectrice du citoyen fasse enquête sur cette situation-là de maltraitance organisationnelle, qui peut causer des torts et des sévices aux usagers », a plaidé Mme Chabot.

Québec vient d'ailleurs de renouveler son Plan d'action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées pour 2017-2022 et de nombreux ministères et organismes y ont souscrit, parmi lesquels le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère de la Famille, le Curateur public, l'Office des personnes handicapées et d'autres.

Le concept de la maltraitance organisationnelle est d'ailleurs abordé dans ce Plan d'action gouvernemental. On y donne des exemples comme des services offerts de manière brusque, une offre de services inadaptée aux besoins des personnes.

Et on y donne des « indices : réduction de la personne à un numéro, prestation de soins ou de services selon des horaires plus ou moins rigides, attente indue avant que la personne reçoive un service, détérioration de l'état de santé » et autres.