Le cas des centaines de Québécois rendus malades par des framboises chinoises illustre les failles de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), qui doit composer avec de moins en moins de ressources, a affirmé hier le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA).

Marcel Groleau déplore le fait que « l'agence subit des coupures de budget depuis trois ans » alors « qu'on importe des aliments d'un nombre de plus en plus vaste de pays », dont la Chine.

« Les mesures phytosanitaires en Chine n'ont rien à voir avec les normes canadiennes », a ajouté M. Groleau.

La Presse a relayé samedi un récent bilan de la santé publique provinciale qui révélait que des framboises congelées importées de Chine avaient causé une vaste éclosion de norovirus dans la province l'été dernier. Au moins 724 personnes ont été malades, un chiffre qui ne représente que « la pointe de l'iceberg ».

« C'est assez clair qu'il doit y avoir eu des décès survenus dans cette période-là  », a affirmé le Dr Yves Jalbert, directeur de la protection à la Direction générale de santé publique du ministère de la Santé du Québec.

Les norovirus causent des gastroentérites souvent longues et intenses, mais peuvent aussi tuer des patients déjà fragiles. L'utilisation des framboises par des cafétérias de maisons de retraite a aggravé la situation.

L'AUTONOMIE PAR LE PRIX... ET L'ÉTIQUETAGE

L'UPA déplore que les gouvernements soient souvent très stricts quant aux normes de production imposées aux producteurs, tout en ouvrant les portes de l'importation à des produits qui ne respectent pas ces mêmes normes.

« C'est deux poids, deux mesures », a dit M. Groleau, donnant l'exemple de médicaments pour l'élevage porcin ou de fongicides pour les petits fruits, tous deux permis aux États-Unis, mais pas au Canada. Ces produits se retrouvent pourtant dans les supermarchés québécois, dit-il.

Quant à l'autonomie alimentaire du Québec, M. Groleau préfère les calculs aux grands plaidoyers patriotiques. « Notre autonomie alimentaire dépend beaucoup de la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois ou canadien, a-t-il fait valoir. Pour plus de 80 % des consommateurs, le premier critère de sélection d'un aliment, c'est le prix. »

Le président de l'UPA suggère aussi un meilleur étiquetage afin que le consommateur puisse prendre connaissance facilement du pays d'origine du produit qu'il s'apprête à acheter.

« On avait déjà suggéré que [pour] les trois principaux ingrédients d'un produit transformé [...], on devrait avoir la provenance, a-t-il avancé. Ça serait une façon de sensibiliser le consommateur et de responsabiliser le consommateur par rapport aux choix qu'il fait. Il aurait l'option de choisir. »

Photo François Roy, Archives La Presse

Marcel Groleau, président de l'Union des producteurs agricoles