Le gouvernement Trudeau veut s'attaquer aux maladies chroniques causées par la mauvaise alimentation.

«C'est vraiment en train d'augmenter», a affirmé la ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, lors d'une conférence de presse, vendredi.

«Deux Canadiens sur cinq souffrent d'au moins une maladie chronique, alors finalement nous savons que nous devons faire quelque chose», a-t-elle ajouté.

La ministre propose l'ajout d'un symbole nutritionnel sur le devant des emballages des aliments transformés pour aviser les consommateurs de leur teneur élevée en gras saturés, en sucre et en sodium. Cela correspond à 15% ou plus de l'apport quotidien recommandé.

La consommation de ces ingrédients en grande quantité fait partie des causes des maladies cardiovasculaires et d'autres maladies chroniques comme le cancer et le diabète de type 2.

«Si on pense à la crise de l'obésité chez les jeunes, c'est un fléau énorme et grandissant, souligne le directeur de la Fondation des maladies du coeur et de l'AVC, Yves Savoie. Il y a évidemment d'autres facteurs comme la sédentarité, mais la malbouffe y joue un rôle très important et c'est une bombe à retardement.»

Il accueille favorablement l'initiative de Santé Canada qui permettra aux consommateurs de voir au premier coup d'oeil quels produits contiennent une quantité élevée de gras, de sucre ou de sel qu'ils ne soupçonnaient pas.

«La science du comportement nous montre que ces logos-là ont un effet dissuasif sur le choix pour le consommateur», indique la présidente de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec, Paule Bernier, qui soutient également cette nouvelle politique.

Cette mesure toucherait 50% de tous les produits transformés en épicerie, ont précisé des fonctionnaires de Santé Canada lors d'une séance d'information avec les journalistes. Ceux-ci s'attendent à ce que l'industrie agroalimentaire réduise la teneur en gras, en sucre et en sel de ses produits.

C'est ce qui s'est produit au Chili où l'expérience a déjà été tentée, a signalé la ministre Petitpas Taylor.

«C'est sûr que ça va amener certains transformateurs à faire des changements majeurs ou draconiens», a reconnu la présidente du Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Sylvie Cloutier, qui est tout de même favorable à ces changements.

«Il y en a d'autres pour toutes sortes de raisons qui ne pourront pas diminuer en bas du 15% de l'apport quotidien pour des raisons chimiques, de recette ou autres», a-t-elle ajouté.

Le pain et le fromage font partie de cette catégorie. L'Association des producteurs laitiers s'inquiète d'ailleurs que plusieurs de leurs produits portent le logo d'avertissement même s'ils contiennent d'autres nutriments essentiels.

Certains aliments comme le lait entier ou 2%, les fruits et légumes emballés sans ajout de sucre et les huiles végétales comme l'huile de canola ou l'huile d'olive seraient exemptés en raison de leurs bienfaits pour la santé. Ce ne serait toutefois pas le cas de l'ensemble des produits laitiers.

Santé Canada demande aux Canadiens de choisir entre quatre symboles qui avertiraient les consommateurs du contenu élevé d'un produit en gras, en sucre et en sel. La consultation publique se terminera le 26 avril.

Les changements proposés entreraient en vigueur en décembre 2018 et l'industrie agroalimentaire aurait ensuite trois ans pour s'y conformer.

Ce nouveau logo fait partie d'une série de mesures pour inciter les Canadiens à mieux s'alimenter. Tous les gras trans seront interdits dans les aliments transformés à compter du mois d'octobre. Santé Canada travaille également à une nouvelle mouture du Guide alimentaire canadien dont le contenu sera connu plus tard cette année.