La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) alimente un « cercle vicieux » en lançant une campagne publicitaire « contre-productive » qui compare le travail d'une infirmière à celui d'une monitrice de colonie de vacances à qui l'on demanderait de s'occuper de tous les enfants du camp, sans aide.

Cette publicité, lancée jeudi en cette deuxième journée du caucus d'avant session du Parti libéral, à Québec, mène le gouvernement à défendre à nouveau ses actions pour améliorer les conditions de travail difficiles des infirmières.

« On se retrouve dans une situation de cercle vicieux. (...) Si les filles et les gars ne prennent pas les postes [à temps plein], c'est un cercle vicieux. J'invite tout le monde à changer le discours et à dire qu'on s'est entendu pour appliquer la solution proposée par le syndicat », a réagi le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. 

Cette solution, a-t-il de nouveau rappelé, était d'augmenter le nombre d'infirmières à temps complet au Québec. 

Il a qualifié la campagne de publicité « hypernégative », avançant que le discours de la Fédération ne contribue pas à rendre les postes disponibles « attirants ». « Il y a une action concertée, c'est clair », selon le ministre.

« Ne trouvez-vous pas cela contre-productif de [lancer] une campagne de publicité d'un niveau de période de négociation [de convention collective] alors qu'on est actuellement dans une période d'améliorations entre deux périodes de négociations ? Je trouve ça un peu particulier », a dit le ministre Barrette.

« Venez, occupez les postes », dit Barrette

Gaétan Barrette exhorte ainsi les infirmières à occuper les nombreux postes à temps plein présentement disponibles dans le réseau, afin de régler le problème des heures supplémentaires obligatoires.

Plus vite ces postes seront pourvus, plus vite le problème des quarts de travail supplémentaire obligatoires sera réglé, a fait valoir le ministre, jeudi matin.

En grand nombre, des infirmières refusent de prendre un poste à temps plein, de crainte d'être ainsi contraintes de faire régulièrement des heures supplémentaires obligatoires. Résultat: les postes restent vacants.

Or, soutient le ministre, l'augmentation du nombre de postes à temps plein d'infirmières dans le réseau constitue la solution et non le problème.

« Ma job à moi, c'est de rendre disponibles les postes. Je l'ai fait », a-t-il dit, souhaitant que les infirmières répondent à l'appel.

Le ministre Barrette interpelle directement les infirmières: « Venez. Occupez les postes. Ça va régler le problème », promet-il, en ajoutant que les heures supplémentaires obligatoires ne sont « pas la norme » dans le réseau.

Ce problème commence d'ailleurs à se résorber, un certain nombre de postes disponibles ayant été octroyés au cours des derniers mois, a-t-il dit.

« La solution passe par du temps plein », a martelé le ministre, en s'affichant « du côté des infirmières » qui revendiquent de ne plus être obligées de faire des quarts de travail supplémentaire.

Des infirmières excédées ont fait trois « sit-in » ce mois-ci à Trois-Rivières, en plus d'autres à Sorel, à Laval et au Suroît pour se plaindre de leurs conditions de travail.

Plus tôt cette semaine, une jeune infirmière de l'Estrie, Émilie Ricard, a exprimé sa détresse et décrit son épuisement professionnel dans un message devenu viral sur les réseaux sociaux.

- Avec Jocelyne Richer, La Presse Canadienne