Le gouvernement évalue la possibilité de limiter le THC dans les produits de cannabis vendus au Québec, alors que les médecins psychiatres ont suggéré hier de plafonner la concentration de cette substance à 15 % et de réduire ce taux de moitié pour les produits vendus aux jeunes de 18 à 21 ans.

« J'ai trouvé ça intéressant, on va réfléchir là-dessus [et] on va regarder ce qu'il est possible de faire », a affirmé Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Santé publique, dans une mêlée de presse qui a suivi la présentation de l'Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ).

De passage à l'Assemblée nationale hier lors de la commission parlementaire étudiant le projet de loi encadrant la vente de cannabis, la présidente de l'AMPQ, la Dre Karine J. Igartua, a rappelé que la concentration de THC (la substance qui provoque une réaction chez les consommateurs) dans le cannabis illicite était d'environ 4 % en 1995, alors qu'elle avait triplé près de 10 ans plus tard.

Aujourd'hui, sur l'internet, il est possible d'acheter des produits avec un taux de THC beaucoup plus élevé.

Son association, qui a longtemps recommandé d'interdire aux adultes de moins de 21 ans d'acheter du cannabis, propose maintenant de réduire la concentration de THC dans les produits qui leur seront vendus, dans une perspective de santé publique.

DES PEINES TROP SÉVÈRES POUR LES JEUNES, ESTIME LE BARREAU

Du côté du Barreau du Québec, le bâtonnier Paul-Matthieu Grondin juge que le gouvernement est trop sévère en prévoyant de suspendre automatiquement pour 90 jours le permis de conduire des jeunes qui seront pris à conduire après avoir consommé du cannabis.

Si le Barreau est d'accord avec la règle de tolérance zéro pour les jeunes conducteurs, on souhaite plutôt que Québec prévoie une gradation des conséquences pénales, citant par exemple la difficulté pour les jeunes qui n'habitent pas des villes desservies par les transports en commun de poursuivre leurs activités après une première infraction.

Dans son mémoire présenté hier, Me Grondin a également prévenu que « chaque fois qu'on augmente l'âge » légal pour acheter du cannabis, il y a un risque accru de contestations judiciaires. L'ordre professionnel accueille donc favorablement la décision de Québec de permettre aux adultes de 18 ans et plus d'en acheter.