Les Québécois demeurent les moins sensibles au problème des opioïdes, mais ils sont également les moins affectés par la crise au Canada.

Les données rendues publiques par Statistique Canada, mardi, sur la sensibilisation au phénomène suivent presque à la lettre les résultats du Rapport national sur les décès apparemment liés aux opioïdes dévoilé à la fin de décembre par l'agence fédérale.

Ces derniers indiquent que le taux de mortalité lié à la consommation d'opioïdes est nettement inférieur au Québec, soit 1,7 décès par 100 000 habitants (en 2016), comparativement à la moyenne nationale de 7,9 décès par 100 000 habitants.

La situation est beaucoup plus sévère dans l'Ouest canadien, particulièrement en Colombie-Britannique, la province la plus touchée, où ce taux atteint 20,7 décès par 100 000 habitants.

Il n'est donc guère étonnant de constater que plus des trois quarts (77 pour cent) des citoyens de la province voisine de l'océan Pacifique ont déclaré être au courant du problème à des degrés divers, alors que cette proportion n'est que des deux tiers (67 pour cent) chez les Québécois, dont le tiers (33 pour cent) admettent ne pas être du tout au courant de ce problème

Fait à noter, c'est dans le groupe des trentenaires que l'on retrouve le plus grand nombre de décès attribuables aux opioïdes, et ce, de façon marquée: bien que près de 90 pour cent de ces décès soient répartis dans les tranches d'âge de 20 à 59 ans, la tranche des 30 à 39 ans regroupe à elle seule 28 pour cent de l'ensemble des décès.

Fentanyl: en marche vers l'Est

Par ailleurs, la progression territoriale du fentanyl d'ouest en est est apparente dans les données de l'agence fédérale. On y constate que plus des deux tiers (68 pour cent) des décès liés aux opioïdes en Colombie-Britannique en 2016 impliquaient le fentanyl, un opiacé de synthèse extrêmement puissant qui cause une forte dépendance et dont l'apparition sur le marché noir cause des ravages un peu partout dans le monde. Or, cette proportion a grimpé à 83 pour cent durant les six premiers mois de 2017.

Au Québec, la proportion n'était que de 19 pour cent en 2016, mais les données du Québec pour les six premiers mois de 2017 n'étaient pas encore disponibles lorsque Statistique Canada a réalisé cette enquête.

Les proportions de décès aux opioïdes associés au fentanyl sont également très élevées ailleurs à l'ouest du Québec, mais les progressions varient, alors que certaines provinces ou territoires ont enregistré des baisses.

Ainsi, en Alberta 63 pour cent des décès de 2016 liés aux opioïdes impliquaient le fentanyl, proportion qui a augmenté à 76 pour cent de janvier à juin 2017; au Yukon, l'implication du fentanyl dans les décès a chuté de 71 pour cent des cas en 2016 à 50 pour cent de janvier à juillet 2017; au Manitoba la situation était stable à 48 pour cent en 2016 et 47 pour cent de janvier à juin 2017.

L'Ontario, où l'implication du fentanyl était notée dans 41 pour cent des décès liés aux opioïdes en 2016, a connu une forte augmentation qui a mené cette proportion à 65 pour cent entre janvier et juin 2017.

Le Nouveau-Brunswick, pour sa part, a vu cette proportion pratiquement doubler, passant de 13 pour cent en 2016 à 24 pour cent durant les six premiers mois de l'an dernier.