Le nombre de cas d'engelures, chez les jeunes enfants particulièrement, a monté en flèche ces deux dernières semaines. En cette période de grand froid que connaît la province, au moins six cas graves ont été dénombrés au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine depuis la mi-décembre.

Bien plus de parents que d'ordinaire se sont présentés avec leurs enfants aux urgences du CHU Sainte-Justine ces dernières semaines, constate le Dr Antonio D'Angelo, chef médical des urgences de l'hôpital Sainte-Justine. « Il y a définitivement une augmentation », note-t-il.

Il est difficile de quantifier cette hausse, mais le Dr D'Angelo est persuadé qu'il ne voit que « la pointe de l'iceberg » aux urgences qu'il dirige. Six cas graves y ont été répertoriés depuis la mi-décembre. « Nous recevons les pires et quelques-uns un peu moins graves, mais il y en a certainement beaucoup d'autres », affirme-t-il. 

Puisqu'ils perdent plus rapidement leur chaleur, les enfants sont davantage exposés aux risques d'engelures l'hiver et ceux en bas âge sont les plus affectés par les morsures du froid extrême. « Les très jeunes ne bougent pas beaucoup, ça les rend plus vulnérables », explique le Dr D'Angelo. Un bébé dans une poussette par exemple, dont la circulation sanguine n'est pas stimulée, doit être très bien protégé contre le vent.

Les enfants qui s'amusent dehors, parce qu'ils ne s'attardent pas toujours aux signaux que leur corps leur envoie, doivent être surveillés de près.

Le Dr D'Angelo constate que les adolescents sont eux aussi souvent victimes des basses températures, parce qu'ils « ne se couvrent pas assez ».

MIEUX PRÉVENIR

Les urgentistes de l'hôpital Sainte-Justine ont affiché lundi sur leur page Facebook un avertissement quant aux risques qu'encourent les enfants exposés au froid. Accompagné de photos des pieds boursouflés, rougis et couverts de cloques d'un enfant, le message des pédiatres est clair : il est essentiel de garder les jeunes enfants au chaud et au sec lorsqu'un froid si intense sévit. « Il faut avertir les gens, les informer des différentes façons de surveiller les risques », soutient le Dr D'Angelo.

« Pas besoin d'être exposés très longtemps pour que les enfants courent le risque d'avoir des engelures », ajoute le chef des urgences pédiatriques, qui estime qu'afin d'éviter ce désagrément, les consignes à suivre sont simples.

Il est primordial, bien sûr, d'habiller adéquatement les enfants. Les engelures surviennent aux extrémités du corps, qu'il faut donc bien couvrir, en veillant toutefois à ne pas gêner la circulation du sang. Empêcher le froid de pénétrer est une chose, mais prévenir l'humidité est aussi essentiel. « Cet aspect est souvent négligé, mais la perte de chaleur est beaucoup plus rapide lorsque les vêtements sont mouillés, et l'enfant devient beaucoup plus à risque », signale le Dr D'Angelo.

Lorsqu'une sensation de fourmillement et de brûlure se manifeste, si la peau rougit, il est alors temps de se mettre au chaud dès que possible. Si l'engelure n'a pas pu être évitée, la zone atteinte perdra sa sensibilité et sa couleur.

Après une exposition plus longue au froid, on notera l'apparition de cloques d'eau. Si celles-ci sont très répandues, que la douleur est particulièrement vive et que la peau est lacérée et bleutée, les parents doivent alors consulter un médecin. « Le pire risque est d'endommager les tissus de façon permanente, ce qui nécessiterait une amputation des parties nécrosées », explique le Dr D'Angelo, qui assure cependant que ces situations sont très rares et toucheront plutôt les personnes dans la rue.

Pour traiter des engelures bénignes, le pédiatre conseille de réchauffer, sans frottement, les zones touchées, de manière graduelle. « Il faut ensuite traiter les blessures comme pour une brûlure : avec des pansements et du Polysporin. » Les températures polaires devraient bientôt remonter vers les normales saisonnières, mais le Dr D'Angelo estime que la vigilance est toujours de mise pour protéger les enfants des ravages du froid, auxquels ils sont particulièrement sensibles.

De son côté, l'Hôpital de Montréal pour enfants (HMPE) n'a relevé aucune hausse des cas d'engelures aux urgences.

Environnement Canada lève l'avertissement de froid extrême sur le sud du Québec

Environnement Canada a levé, hier, l'avertissement de froid extrême qui était en vigueur pour le sud du Québec. En entrevue, le météorologue Jean-Philippe Bégin explique que de faibles précipitations de neige ont amené des températures légèrement moins froides sur le sud de la province. Le mercure demeure tout de même sous les normales saisonnières. Le Québec devrait être secoué par une nouvelle tempête d'ici la fin de la semaine. Une dépression en formation sur la côte est américaine devrait dégénérer, jeudi et vendredi, en un cocktail de précipitations. L'Estrie, l'est du Québec et les provinces maritimes devraient être les plus fortement touchés. Jean-Philippe Bégin évoque « un mélange de neige, de grésil, de pluie verglaçante, suivis d'une finale en pluie qui devrait geler au sol avec le retour de l'air froid vendredi ». Certains secteurs situés au nord de la trajectoire de la tempête, notamment la Gaspésie et la Côte-Nord, pourraient recevoir l'ensemble des précipitations sous forme de neige. Cette dépression sera accompagnée de vents allant de modérés à forts sur tout le Québec. Les températures glaciales devraient être de retour dès vendredi. - La Presse canadienne