La nouvelle présidente de la FIQ, Nancy Bédard, lance un avertissement: ses syndicats vont se battre bec et ongles, au cours des prochains mois, pour obtenir un ratio infirmière-patients, établissement par établissement, partout au Québec, afin d'offrir des soins plus humains et qui sont sécuritaires.

La Fédération interprofessionnelle de la santé, qui regroupe près de 75 000 membres, soit la grande majorité des infirmières et infirmières auxiliaires au Québec, a même lancé une campagne sous ce thème: «les professionnelles en soins ont leur quota!».

Au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne vendredi, à la fin du congrès de la FIQ, Mme Bédard a prévenu que ses syndicats vont en faire une obsession.

«Ce qu'il faut c'est vraiment obtenir des ratios sécuritaires; c'est juste de mettre en place des équipes qui vont être adaptées aux besoins de patients, en 2017, dans tous les établissements du Québec. Ça prendra 1 an, 2 ans, 3 ans, c'est MA priorité, la priorité des professionnelles en soins. C'est la solution la plus prometteuse pour s'assurer qu'au Québec, on va pouvoir donner des soins humains, des soins de qualité et des soins sécuritaires», a plaidé la nouvelle présidente de la FIQ.

Temps partiel et heures supplémentaires

Mme Bédard, qui succède à Régine Laurent, ne compte pas s'arrêter là. Elle en a ras-le-bol de voir 50 % des infirmières qui occupent des postes à temps partiel, alors qu'il y a tant de besoins et tant d'heures supplémentaires faites par ses membres.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a assuré qu'il avait donné la directive aux établissements de créer davantage de postes à temps complet. La FIQ compte bien le prendre au mot et talonner les établissements de santé pour les obtenir.

«C'est clair pour nous qu'on va pouvoir avoir des résultats et que le temps supplémentaire redeviendra exceptionnel, et non pas le contraire. Un moment donné, quand on gère avec du temps supplémentaire et que les semaines normales de travail deviennent l'exception, on a un problème», juge Mme Bédard.

Elle soutient qu'il est difficile d'obtenir un portrait fidèle de l'état de la main-d'oeuvre infirmière. Des infirmières occupent un poste à temps partiel, par exemple, mais se trouvent en réalité à travailler à temps plein. D'autres ne font que deux jours par semaine. D'autres se font imposer des heures supplémentaires. Et plusieurs postes ne sont pas affichés, ouverts, même si les besoins sont évidents et que les infirmières sur le plancher sont surchargées.

Il faut mieux planifier la main-d'oeuvre, mieux gérer, argue-t-elle.

Mme Bédard a hâte de rencontrer le ministre Barrette. «Depuis deux ans, il a travaillé beaucoup, beaucoup avec les médecins. Je pense qu'il leur a donné, aux médecins, ce qu'ils voulaient. Maintenant, il faut que le ministre vienne sur notre patinoire et on va travailler pour qu'il vienne nous retrouver sur la patinoire», prévient la dirigeante syndicale.

Autres syndicats

Mme Bédard prend les rênes de la FIQ dans un contexte où les votes d'accréditation syndicale dans la santé, au début de l'année, ont laissé des cicatrices.

La FIQ et l'APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et les services sociaux) ont été les grandes gagnantes de ces votes, mais la CSN, notamment, a perdu 22 700 membres. C'est un secret de Polichinelle que des tensions persistent entre les syndicats dans la santé, d'autant plus que la campagne de maraudage qui a précédé le vote a été dure.

Mme Bédard fait confiance à ses membres pour décider des relations entre la FIQ et les autres organisations syndicales.

«Nous, on travaille pour les professionnelles en soins. Nos militantes nous donnent nos orientations, votent et nous disent où elles veulent aller. J'en suis très fière. Je suis très fière de la FIQ, de l'organisation, d'où on est placé au niveau de l'échiquier syndical, au niveau politique, au niveau de la population. Je n'ai aucun problème à travailler avec l'ensemble des autres syndicats pour défendre les services publics», résume-t-elle.

Visiblement, il y a une chimie entre la FIQ et l'APTS, qui représente des technologistes médicales, des physiothérapeutes, par exemple. «Avec l'APTS, on a une certaine affinité. On aime beaucoup travailler avec cette organisation; on a beaucoup d'éléments en commun, notamment les éléments de ratios. Ce sont des alliances qui sont comme un peu plus naturelles», a-t-elle opiné.

Infirmière rattachée au CHU de Québec, Mme Bédard a été infirmière pendant 14 ans à l'urgence, notamment. Son engagement syndical a débuté à la fin des années 1990. Elle a été coresponsable de la dernière négociation de la FIQ.