Rouvrir la Loi canadienne sur la santé: le débat se posera bientôt, estime le ministre Gaétan Barrette.

La pression financière sur le système de santé est «de plus en plus intenable» et les gouvernements sont «à la croisée des chemins», a-t-il invoqué.

Or la loi fédérale, qui garantit notamment l'universalité et la gratuité des soins de santé, est devenue en quelque sorte une vache sacrée au pays et sa remise en cause pourrait être perçue comme une porte ouverte vers la privatisation.

En point de presse mardi matin à un congrès médical à Québec, le ministre québécois de la Santé a rappelé la croissance constante des dépenses en santé et la baisse de la proportion du financement fédéral dans ce domaine, ce qui complique toujours plus la tâche des gouvernements provinciaux.

Ottawa a consenti une augmentation de 3% par an des transferts, alors que la croissance des dépenses en santé équivaut à 3,8%, seulement pour maintenir le niveau actuel de services.

«On va frapper un mur»

«On va frapper un mur au moment où la population en veut toujours davantage», a-t-il affirmé, en rappelant que pour la première fois cette année, le poste budgétaire de la santé représente plus de 50% du budget du Québec.

«Je pose une question, je ne prends pas une position: est-ce que cela va passer des changements à la Loi canadienne sur la santé? Par un mélange (de mesures législatives et budgétaires)? Par une augmentation du taux marginal d'imposition? C'est un débat de société qui doit se faire.»

M. Barrette en a profité pour attaquer à ce propos le gouvernement Trudeau, avec lequel il a croisé le fer à de nombreuses reprises ces dernières années, concernant le renouvellement de l'entente sur le financement des soins de santé.

Le ministre québécois l'a accusé de «manquer de transparence» sur l'avenir du système de santé, en n'entreprenant pas ce débat de fond et en pelletant le problème dans la cour des provinces.

Le «vrai enjeu» consiste à mettre en place des mesures qui permettront de répondre aux besoins pendant une «période critique» du vieillissement de la population, de 2031 à 2051, a-t-il poursuivi, en remettant en question le rôle d'Ottawa.

«Est-ce (que le fédéral) prend de bonnes décisions? Je n'en suis pas convaincu, quand je regarde Ottawa qui diminue son financement, qui laisse aller les frais accessoires en Saskatchewan, qui attaque les médecins en matière fiscale sur la base de leur incorporation. C'est tout budgétaire et non avoué.»

Il faut maintenant dire clairement qu'il y a un problème à absorber la baisse du financement fédéral tout en conservant le même panier de services, a résumé Gaétan Barrette.

«On a de beaux termes au Canada, a-t-il conclu. On a des conversations entre les gouvernements, mais des conversations qui n'aboutissent jamais et dans lesquelles on nomme rarement les choses.»

Rappelons que le Québec et Ottawa ont renouvelé en mars l'entente sur le financement des soins de santé. L'accord prévoit le versement de 2,5 milliards $ sur 10 ans. La hausse des transferts fédéraux est de 3% par an, alors que le Québec réclamait 6% pour couvrir la hausse des dépenses.