Aux prises avec des déficits récurrents et des menaces de mise sous tutelle, et se disant incapables de travailler avec le ministre Gaétan Barrette, les 10 membres indépendants du conseil d'administration du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ont démissionné en bloc, lundi, laissant planer le flou sur la gouvernance d'un des plus importants établissements de santé du Québec.

«Il est plutôt devenu évident qu'avec ses menaces de mise en tutelle et qu'avec ses remises en question, en public et en privé, de notre compétence, le ministre Barrette considère notre conseil d'administration comme une pierre d'achoppement empêchant le CUSM de réaliser son plein potentiel au sein du réseau de la santé», précisent les démissionnaires dans un communiqué.

«Nous sommes actuellement dans une impasse», concluent-ils, en annonçant leur départ.

Les démissionnaires sont particulièrement irrités d'avoir appris la semaine dernière dans Montreal Gazette qu'un rapport remis au gouvernement par l'accompagnateur du Ministère pour le CUSM recommandait carrément la mise sous tutelle de leur établissement. Le conseil n'avait jamais été informé de l'existence du document.

Il reste neuf membres nommés par le gouvernement au conseil et, techniquement, en vertu de la loi, ils pourraient continuer à prendre des décisions.

Le CUSM demeure par ailleurs sans PDG depuis le départ à la retraite du dernier titulaire du poste, l'automne dernier. L'intérim est assuré par la PDG adjointe.

«C'est leur choix»

En entrevue avec La Presse lundi soir, le ministre Gaétan Barrette ne s'est montré ni surpris ni ému par la vague de démissions d'administrateurs. Il parle déjà de nommer de nouveaux membres au conseil afin qu'ils puissent participer rapidement au choix du PDG.

«Les gens ont choisi de quitter, c'est leur choix, j'en prends acte. Mais ce qui m'importe, c'est que la qualité des soins au CUSM est de très haut niveau, le talent abonde, et il n'y a aucun problème quant à la qualité des services offerts. La qualité est au rendez-vous et la population est très bien desservie par un hôpital ultramoderne de classe mondiale», dit-il.

«Le conseil d'administration quitte pendant la période des vacances... On comprendra qu'un conseil d'administration ne siège pas l'été.»

La porte-parole de l'opposition en matière de santé, la députée péquiste Diane Lamarre, voit quant à elle dans les départs une conséquence du style de Gaétan Barrette.

«Le diagnostic, ce qu'on entend, c'est qu'il n'y a pas de dialogue possible. Pour le ministre, un bon conseil d'administration, c'est un conseil qui lui obéit au doigt et à l'oeil et qui ne pose pas de questions», déplore-t-elle.

Elle croit que l'affaire traduit des maux qui ne sont pas limités au CUSM. «Il faut beaucoup de courage d'un conseil d'administration pour tenir tête à Gaétan Barrette. Ces démissions traduisent une loi du silence qui est décriée en beaucoup d'endroits dans notre système de santé.»