Canadiens, dites adieu au Guide alimentaire tel que vous l'avez connu: la nouvelle mouture de ce document, référence de toutes les politiques alimentaires du pays, est prévue d'ici deux ans. Mais Santé Canada n'accouchera pas d'un guide traditionnel.

« On s'éloigne de plus en plus d'un document unique pour aller vers une suite d'outils », confirme en entrevue Alfred Aziz, chef de la Division de la réglementation et des normes en matière de nutrition à Santé Canada. Lire ici : les professionnels de la santé publique, qui s'inspirent du Guide pour établir leurs lignes directrices, auront des documents nettement plus approfondis et complexes.

Le consommateur, lui, aura droit à des outils simples et adaptés à la vie de tous les jours. Une application, peut-être ? « Tout est sur la table pour l'instant », confie Alfred Aziz, qui précise toutefois que le prochain Guide devrait fournir des outils pour planifier les repas et faire des achats plus judicieux à l'épicerie.

Une chose est certaine, Santé Canada devrait définitivement laisser tomber le concept des portions que l'on calcule au millilitre près pour miser davantage sur des messages.

Par exemple : cuisinez plus, tenez-vous loin des allées centrales des supermarchés où se trouvent les aliments transformés, prenez le temps d'apprécier ce que vous mangez, prenez le temps de manger en famille ou avec des amis, allez vers les fruits et légumes congelés lorsque la saison des récoltes est terminée et écoutez vos signaux de satiété.

Les conseils seront articulés autour de trois principes directeurs : il faut consommer une bonne variété d'aliments et de boissons nutritifs ; il faut éviter les produits transformés riches en sodium, en sucre et en gras saturés ; il faut acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour bien manger.

Prioriser le «comment»

Les premiers documents de ce nouveau Guide seront disponibles dès le début de 2018 et l'ensemble sera dévoilé dans les 24 prochains mois.

Santé Canada lançait hier la deuxième ronde de consultations publiques sur la révision du Guide avec un questionnaire en ligne qui portera sur les grands principes de la saine alimentation.

«Cela nous a confirmé qu'il fallait s'éloigner du "ce qu'il faut manger" pour s'intéresser davantage au "comment il faut manger" », dit Hasan Hutchinson, directeur général du Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition de Santé Canada.

Selon M. Hutchinson, le Guide ne pourra pas passer à côté du concept d'aptitudes culinaires. « On ne peut pas espérer que les gens mangent mieux, dit-il, s'ils ne savent même pas cuisiner. »

Et la viande?

Dans son document préparatoire, Santé Canada indique déjà qu'il « faut augmenter la proportion d'aliments d'origine végétale dans l'alimentation, sans nécessairement exclure tous les aliments d'origine animale », car cela aidera les Canadiens à consommer moins de viande rouge.

Autre nouveauté à signaler : Santé Canada s'intéresse maintenant à la façon dont les aliments sont produits et au gaspillage alimentaire. Le document préparatoire évoque même les émissions de gaz à effet de serre, la dégradation des sols ainsi que les problèmes liés à la qualité de l'eau.

« En général, peut-on y lire, les modèles d'alimentation contenant plus d'aliments d'origine végétale et moins d'aliments d'origine animale sont associés à un impact moins négatif sur l'environnement que les modèles actuels riches en sodium, sucres et lipides saturés. »

Marketing alimentaire

Santé Canada a également ouvert samedi la période de consultation publique sur sa prochaine politique concernant le marketing alimentaire destiné directement aux enfants. Le Québec est la seule province où la publicité destinée aux enfants est interdite, par la Loi sur la protection du consommateur.