Fait étonnant : la consommation moyenne d'alcool des Québécois a diminué ces dernières années. En cinq ans, cette consommation moyenne est passée de 3,3 à 3 verres par semaine, note Éduc'alcool.

« De 3,3 à moins de trois verres, c'est gros comme différence », s'est exclamé le directeur général de l'organisme, Hubert Sacy, au cours d'une conférence de presse, mardi à Montréal.

Même la consommation en une seule occasion a diminué, passant de 2,5 verres à 2,2, souligne l'organisme.

Et les consommateurs justifient leur changement de comportement par des raisons de santé. « C'est la santé, la santé, la santé qui revient partout, quel que soit l'angle sous lequel on pose la question », a résumé M. Sacy.

Les excessifs

M. Sacy se réjouit de ce phénomène chez les buveurs modérés, mais, du même souffle, s'inquiète du phénomène qui frappe les buveurs excessifs.

Ils sont ainsi 11 %, chez les buveurs réguliers, à admettre eux-mêmes que leur consommation nuit à leur santé. « Ce n'est quand même pas rien », a déploré M. Sacy. C'est pratiquement le double d'il y a cinq ans, soit 6 % en 2012, relève l'organisme.

Éduc'alcool y voit une « banalisation de l'alcool dans la société et la valorisation de l'abus d'alcool ».

M. Sacy a résumé sa pensée en une phrase : « ce qui dépend d'Éduc'alcool s'améliore ; ce qui dépend du gouvernement se détériore ».

« On observe une certaine tolérance vis-à-vis de la consommation excessive lorsqu'elle est occasionnelle et l'on reconnaît volontiers que l'on a dépassé les seuils de consommation recommandés de temps à autre, souvent au moins une fois par mois », souligne Éduc'alcool.

De même, 7 % des conducteurs québécois admettent avoir déjà conduit un véhicule avec un taux d'alcoolémie vraisemblablement supérieur à la limite légale.

Gouvernement inactif

Éduc'alcool blâme le gouvernement pour son inaction face à la surconsommation d'alcool.

M. Sacy déplore, par exemple, le fait que le gouvernement n'intervienne pas pour empêcher « le contournement permanent » du prix minimum de la bière par des promotions croisées avec d'autres produits d'épicerie. Il s'agit de rabais qui sont offerts, par exemple, sur le prix total du panier d'épicerie si le client achète une caisse de bière.

Il reproche aussi au gouvernement sa mollesse devant « le lobbying de certaines organisations ». À titre d'exemple, il cite le cours Action service, destiné aux serveurs et propriétaires de bars, qui n'est toujours pas obligatoire, bien qu'Éduc'alcool fasse une demande en ce sens depuis des années.

Ce cours informe les serveurs du contenu de la loi, leur enseigne comment cesser de servir un client qui a trop bu sans l'offusquer, lui enseigne comment reconnaître un client qui a trop bu et comment l'empêcher de prendre son véhicule. Il est d'ailleurs dispensé par l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec.

M. Sacy milite également pour que soit augmenté le nombre de barrages policiers. Les conducteurs modifient leurs comportements lorsqu'ils craignent de se faire prendre, rappelle-t-il.

Il se dit aussi las d'entendre ceux qui demandent de baisser le prix du vin au Québec. Selon lui, le prix influence particulièrement le comportement des grands buveurs.

De façon générale, 83 % des Québécois boivent de l'alcool ; 72 % du vin, 61 % de la bière - en légère baisse - et 47 % des spiritueux.

Les résultats proviennent d'un sondage Crop réalisé par téléphone pour le compte d'Éduc'alcool auprès de 1139 Québécois adultes. Il comporte une marge d'erreur de 2,9 %.

La consommation d'alcool des Québécois en bref

• 8 Québécois sur 10 boivent de l'alcool;

• 6 Québécois sur 10 boivent de la bière;

• La consommation moyenne d'alcool est passée de 3,3 à 3 verres par semaine en cinq ans;

• La consommation au cours d'une même occasion est passée de 2,5 à 2,2 verres;

• Un consommateur sur 10 a senti que sa consommation nuisait à sa santé physique.