Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, assure que les entreprises ambulancières ont les moyens de renouveler convenablement les conventions collectives de leurs paramédics avec les contrats de services qu'il vient de leur imposer et qu'elles n'auront pas à faire faillite, comme certains l'ont évoqué.

Québec a récemment imposé les contrats de services à l'ensemble des entreprises ambulancières, après qu'une coalition représentant neuf d'entre elles eut réussi à s'entendre avec le ministère, à la veille de l'échéance du 1er avril.

Selon la Corporation des services d'ambulance, qui représente 90% des entreprises ambulancières à l'extérieur de la métropole, ces contrats représentent ultimement une compression de 40 millions $ par année de façon récurrente, après une phase de transition.

Le directeur général de la corporation, Denis Perrault, prévient que certaines entreprises ambulancières seraient placées devant une «faillite technique», voyant leur budget de fonctionnement amputé parfois de 23%. Il soutient que certaines entreprises pourraient fermer des points de services en régions éloignées.

Interrogé à ce sujet lundi, alors qu'il participait à une annonce au CHU Sainte-Justine à Montréal, le ministre Barrette a expliqué qu'un rapport commandé sur les services ambulanciers avait déjà conclu qu'«ils coûtent trop cher» au gouvernement et qu'il pouvait donc réduire les subventions qu'il leur verse.

La Corporation s'est d'ailleurs adressée aux tribunaux et conteste déjà ces contrats de services qui lient ses membres au ministère.

Le ministre Barrette assure que selon les informations dont il dispose, à partir des calculs de coûts qui ont été faits, les entreprises ambulancières n'auront pas à faire faillite avec ces contrats.

«La proposition qu'on a mise sur la table, sur le plan financier, leur permet de donner les services comme avant», a-t-il tranché. Mais «ça ne veut pas dire qu'elles auront la même marge de profits», a-t-il pris soin d'ajouter.

«C'est complètement faux», a répliqué à son tour M. Perrault, de la Corporation des services d'ambulance. Pour ce qui est de puiser l'argent pour conclure les conventions collectives à même la marge de profits, il souligne que «72 pour cent du budget va aux conditions de travail des paramédics», sans compter les dépenses d'immobilisation, de gestion, de supervision et autres.

«C'est impossible qu'on continue à rencontrer nos engagements avec des compressions de 40 millions $ par année», a tonné M. Perrault.

Syndicats

Une grève a d'ailleurs cours depuis le début de février tant par les ambulanciers syndiqués à la FTQ que ceux qui sont syndiqués à la CSN - avec maintien des services essentiels.

Jean Gagnon, représentant du secteur préhospitalier à la CSN, invite d'ailleurs le ministre à plus de transparence, ce qui lui permettrait de savoir combien d'argent il a prévu pour les contrats de travail dans l'enveloppe qu'il a accordée aux entreprises ambulancières.

«Est-ce qu'il peut modifier son décret pour qu'on sache ce qui est prévu pour les ressources humaines, ce qui est prévu pour les paramédics dans ces contrats à budget-là?» a-t-il lancé, ajoutant que cela faciliterait la négociation. «On est pris entre les deux», s'est-il exclamé.

M. Gagnon se montre catégorique sur une chose: il n'est pas question que les paramédics acceptent des conditions de travail différentes selon la région ou selon l'entreprise ambulancière.