Les médecins de famille qui travaillent dans les urgences de la province n'auront plus à faire de prise en charge de patients. Une entente vient d'être conclue à ce sujet entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Depuis l'automne, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, obligeait tous les nouveaux médecins de famille travaillant dans les urgences à assurer également la prise en charge de 500 patients.

Pour pouvoir pratiquer aux urgences, les médecins de famille complètent une année de formation supplémentaire à la fin de leur parcours. Pour ces jeunes médecins, la pratique aux urgences étaient incompatible avec une prise en charge adéquate d'autant de patients.

Insatisfaits, plusieurs finissants ont quitté la province au cours de la dernière année. Depuis plusieurs semaines, l'Association des médecins d'urgence du Québec (AMUQ) sonnait l'alarme sur cette perte d'expertise et disait craindre une découverture aux urgences si la situation n'était pas corrigée.

Jusqu'à maintenant, le ministre Barrette affirmait que le désir de certains médecins de famille de faire carrière uniquement aux urgences n'était plus possible. «Ils ne sont pas contents. Mais la réalité, c'est que la population a besoin de prise en charge, et on établit des contraintes raisonnables pour que le service soit rendu», a-t-il déjà déclaré.

Or aujourd'hui, une entente a été conclue et les médecins de famille pratiquant à temps plein aux urgences ne seront plus obligés de prendre en charge 500 patients.

«Certaines règles de gestion ont changé. Les médecins devront travailler en super-cliniques au sans rendez-vous, au besoin», explique le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin.

Sur son blogue de la revue l'Actualité, l'urgentologue Dr Alain Vadeboncoeur affirme qu'il s'agit d'une «belle victoire, à la fois pour ces médecins qui ont suivi une année complémentaire de formation en médecine d'urgence, pour la pratique de la médecine d'urgence et pour les patients des urgences eux-mêmes.»

Selon le Dr Vadeboncoeur, «une approche aussi rigide pouvait mener, à court et à moyen termes, à une crise en médecine d'urgence, menaçant à la fois l'expertise et les effectifs».

«Quelque chose devait être fait. On ne pouvait pas s'exposer à des risques de découverture», confirme le Dr Godin, qui affirme que la nouvelle disposition satisfait la grande majorité des médecins d'urgences.

Un «assouplissement» selon Barrette

Le ministre Barrette estime que l'entente conclue avec la FMOQ n'est «pas un recul, mais bien un assouplissement». «Les médecins devront travailler à l'extérieur de l'hôpital. Nous pourrions parler d'un recul si on leur avait permis de pratiquer à 100% à l'hôpital. Or, ce n'est pas le cas. Ils devront voir des patients en super-cliniques», affirme M. Barrette.

Les médecins de famille verront ainsi des cas de patients moins urgents, P4-P5 dans le jargon médical, dans les services de sans rendez-vous des super-cliniques.