Le cas de maltraitance au CHSLD de Beauceville ne doit pas rester lettre morte, soutient le président du comité des résidants, Michel Beaulieu, dont la femme, comme 10 autres aînés, a subi de mauvais traitements de la part d'une préposée aux bénéficiaires. Il demande au gouvernement Couillard d'obliger les employés à dénoncer les actes de maltraitance et d'imposer des sanctions pénales à leurs auteurs.

Lors de l'assemblée générale du comité hier, Michel Beaulieu a confirmé aux quelque 80 personnes présentes l'histoire de maltraitance dont La Presse a donné les détails au cours des derniers jours. Il a relaté le fil des événements sans donner de détails sur les faits reprochés à la préposée aux bénéficiaires. En résumé, cette employée est partie à la retraite au début de mars, après avoir été dénoncée par des collègues de travail.

M. Beaulieu a salué le travail dans ce dossier de la directrice actuelle du CHSLD, Manon Trudel, en fonction depuis janvier. Toutefois, il a déploré à La Presse que l'ex-directeur n'ait pas pris les moyens nécessaires pour empêcher l'employée de récidiver dès qu'il a été alerté en février 2016, comme l'a démontré un rapport d'enquête.

Enquête en cours

Michel Beaulieu a refusé de prendre des questions de la salle sur toute cette histoire «pour ne pas nuire à l'enquête» de la Sûreté du Québec. Il a lui-même rencontré des agents en compagnie de son épouse au sujet de «gestes qui seraient répréhensibles et criminels». Il n'a pas voulu en dire davantage.

M. Beaulieu a plaidé pour la dénonciation obligatoire et les sanctions pénales. Il espère que le gouvernement Couillard intégrera ces deux mesures dans son projet de loi sur la lutte contre la maltraitance.

«Je serais satisfait si on voit que les événements qui se sont passés à Beauceville font bouger les choses. Ce serait un réconfort aussi», a-t-il confié.

Un signal aux établissements

Il faisait écho au discours prononcé par l'ex-ministre libérale Marguerite Blais à l'assemblée générale. La ministre Francine Charbonneau est en train de «retravailler son projet de loi et va probablement déposer des amendements. On espère qu'elle va le faire dans le sens positif, pour protéger tout le monde», a-t-elle affirmé à l'auditoire. S'il y a du «positif» à cette «crise», c'est celui «d'envoyer un signal à tous les établissements que ça prend une tolérance zéro, qu'on n'en veut pas de maltraitance».

Le député caquiste et porte-parole pour les aînés, François Paradis, était présent en compagnie de son collègue de Beauce-Nord, André Spénard : «Les familles [des victimes] disent qu'elles veulent la dénonciation obligatoire. C'est une triste coïncidence tout ça, parce qu'un événement malheureux s'est produit ici. Mais il faut saisir l'opportunité et avoir le courage d'agir.»

Pour le PDG du CISSS de Chaudière-Appalaches, Daniel Paré, la dénonciation obligatoire est «la tendance vers laquelle on veut aller avec nos gestionnaires et nos employés». «On ne peut pas agir si on ne le sait pas. Dans le cas de Beauceville, nos employés ont dénoncé et on a pu agir», a-t-il plaidé, regrettant toutefois que l'administration précédente du CHSLD ne l'ait pas mis au courant des actes de maltraitance, il y a un an. «Ce que ça nous dit, c'est qu'il y a encore des choses à améliorer au niveau de notre processus de communication.»