Les facultés universitaires de pharmacie sont sur le qui-vive. La pénurie de stages qui touche actuellement les étudiants de dernière année en pharmacie menace non seulement à court terme la diplomation de 200 étudiants, mais également l'obtention de la précieuse accréditation universitaire de ces facultés.

Normalement, à ce moment-ci de l'année, les étudiants de dernière année en pharmacie savent à quel endroit ils pourront réaliser leur stage en pharmacie communautaire, l'automne prochain. Mais actuellement, seulement 25 % des stages des étudiants de dernière année de l'Université de Montréal et de l'Université Laval ont été attribués, parce que les pharmaciens sont trop peu nombreux à offrir des milieux de stage pour les étudiants en vue de la prochaine année.

La situation est « dramatique », selon la doyenne de la faculté de pharmacie de l'Université de Montréal, Lyne Lalonde, qui souligne que la diplomation de 200 finissants en pharmacie est menacée.

Comme si ce n'était pas assez, dès l'automne, l'Université de Montréal doit entreprendre le processus d'agrément pour sa faculté de pharmacie. « Mais si on est incapables de trouver des stages pour nos étudiants et donc de les diplômer, comment aurons-nous notre agrément ? », s'inquiète Mme Lalonde.

ANXIÉTÉ CROISSANTE

À leur dernière année d'étude, les étudiants en pharmacie doivent réaliser deux stages de huit semaines en pharmacie communautaire pour un total de 1280 heures. Mais depuis quelques semaines, plusieurs pharmaciens ont cessé de se porter volontaires pour encadrer ces stagiaires dans leur pharmacie.

« Ce n'est pas du tout un moyen de pression. Il n'y a pas de mot d'ordre syndical pour boycotter les stages. Mais nos membres analysent leur situation pour savoir s'ils ont les ressources humaines et financières pour le faire », dit Jean Thiffault, président de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).

Les menaces qui planent sur les stages et la profession de pharmacien inquiètent les étudiants à un point tel que certains songent à changer de carrière, constate le président de l'Association des étudiants en pharmacie de l'Université de Montréal (AÉPUM), Nicolas St-Onge.

Une rencontre d'urgence réunissant les universités, les associations d'étudiants, les associations de pharmaciens et des représentants du gouvernement a eu lieu lundi afin de dénouer l'impasse. Si tous s'entendent pour dire que la rencontre a été « positive », aucune solution n'a encore été trouvée. Une autre rencontre doit avoir lieu en avril.

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BAISSE DU NOMBRE DE DEMANDES D'ADMISSION EN PHARMACIE POUR L'AUTOMNE 2017 PAR RAPPORT À CELLES DE 2016*



• Université de Montréal : - 300

• Université Laval : - 500

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LE MINISTRE INTERPELLE L'ORDRE DES PHARMACIENS


Au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on souligne que le plafond des allocations professionnelles des pharmaciens, aussi appelées ristournes, est levé depuis le 28 janvier. « Les pharmaciens n'ont aucun obstacle présentement pour superviser les stages », affirme l'attachée de presse du ministre, Julie White. M. Barrette estime également que la question de la supervision des stages en pharmacie relève de la déontologie des pharmaciens. Il a d'ailleurs envoyé une missive à l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), le 8 février, lui demandant de se pencher sur la question. Directrice générale de l'OPQ, Manon Lambert mentionne que le code de déontologie des pharmaciens prévoit que les pharmaciens doivent superviser des stages « dans la mesure de leurs possibilités ». « Ce n'est pas juste une question de moyens financiers. Un pharmacien qui ne serait pas à l'aise avec l'enseignement ne serait pas obligé de superviser un stage. C'est aussi une question de qualité de la formation. La supervision de stage n'est pas une obligation formelle », dit-elle.