Une femme qui visitait tous les jours son mari hospitalisé et en perte d'autonomie afin de l'aider à marcher et à manger n'a pu se rendre à son chevet pendant quatre jours à cause d'une interdiction de visite édictée par l'hôpital, aux prises avec une épidémie de gastro-entérite. Le patient, qui était faible, est mort durant cette absence, ce qui a poussé son épouse à porter plainte auprès du Protecteur du citoyen.

Dans le rapport d'intervention publié la semaine dernière, le Protecteur souligne que le personnel infirmier de l'établissement, dont l'identité n'est pas révélée dans le rapport, aurait dû pour des raisons humanitaires autoriser la dame à visiter son mari « en lui demandant de respecter les consignes visant à éviter la propagation du virus ».

PLAIDOYER POUR PLUS D'HUMANITÉ

Président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet affirme que, dans le réseau de la santé, « l'usager doit toujours passer en premier », ce qui n'a pas été le cas ici.

« La règle d'interdire les visites en cas d'épidémie de gastro a du sens. Mais pour des raisons humanitaires, on doit laisser passer certaines personnes. Les établissements et le personnel doivent être sensibles à ces situations », plaide M. Brunet.

Selon lui, les histoires où les besoins des usagers sont éclipsés au profit de règles bureaucratiques strictes se multiplient dernièrement dans le réseau de la santé.

« On voit le raidissement des règles. On voit des couples placés dans deux CHSLD différents, illustre-t-il. On voit des patients âgés qui sont retournés à domicile en plein milieu de la nuit. On perd de vue le patient. Il y a une peur palpable dans le réseau de ne pas déroger aux règles. »

RAPPEL À L'ORDRE

Dans le rapport du Protecteur du citoyen, on apprend que même si le patient était confus et parfois agressif avec le personnel en l'absence de sa femme, le personnel infirmier « a considéré que la présence de la dame auprès de son mari ne consistait pas en des visites pour des raisons humanitaires ». Un jugement erroné, selon le Protecteur.

Depuis l'incident, l'établissement de santé a adopté une politique relative à la gestion d'éclosions d'infections nosocomiales. Une procédure de gestion des visites en situation d'éclosion a également été adoptée et précise les raisons permettant à une personne de visiter un proche malgré une telle interdiction.

Au ministère de la Santé et des services sociaux (MSSS), on explique que « les mesures appliquées lors d'une éclosion de gastro-entérite varient selon la gravité de l'éclosion ».

L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a émis des recommandations afin de guider les établissements. Quand vient le temps de restreindre l'accès aux visiteurs, il est notamment suggéré de n'accepter que les visiteurs se présentant pour des raisons humanitaires ou qui participent aux soins.

Le MSSS a également publié un guide de référence dans lequel il invite les établissements de santé à se doter de procédures sur la prévention et le contrôle d'éclosion de gastro-entérites infectieuses d'allure virale.