La ministre fédérale de la Condition féminine, Maryam Monsef, estime que tout obstacle aux services de santé reproductive pour les femmes, y compris l'accès à l'avortement, constitue une forme de violence fondée sur le genre.

«Les droits reproductifs au Canada et dans le monde sont cruciaux pour faire avancer l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes», a-t-elle dit à La Presse canadienne au cours d'un entretien, jeudi.

«Nous nous sommes engagées à nous assurer que les femmes et les filles ont ce choix, sinon, c'est une forme de violence fondée sur le genre.»

C'est pourquoi son ministère alloue près de 300 000 $ à l'organisme Planning des naissances d'Ottawa pour un projet triennal. Ce projet vise à améliorer les services destinés aux femmes qui sont brimées dans leurs droits liés à la procréation. Certaines sont forcées de mener à terme une grossesse ou, à l'opposé, de subir un avortement; d'autres ont de la difficulté à obtenir des moyens de contraception.

Pour des femmes qui vivent au sein de communautés marginalisées, ces obstacles peuvent provenir de la famille et des proches, mais aussi du système lui-même.

Au cours de l'entrevue, la ministre Monsef n'a pas prononcé le nom de Donald Trump, mais le spectre du président américain flottait dans l'air, alors qu'elle martelait que les droits liés à la procréation, au Canada et ailleurs dans le monde, font partie intégrante de l'égalité entre les sexes.

«Nous connaissons toute la recherche qui se fait ici, toutes les pratiques prometteuses, les valeurs de ce pays. Nous savons que c'est un sujet important dont il faut s'occuper. L'appui du Canada aux programmes de santé sexuelle et reproductive et à la protection des droits des femmes demeure inchangé», a-t-elle affirmé.

La nouvelle ministre de la Condition féminine a soutenu que son gouvernement croit toujours au libre accès des femmes aux divers services de santé reproductive, ici et ailleurs dans le monde.

La subvention versée à Planning des naissances d'Ottawa, qui n'est pas une clinique, permettra à l'organisme d'élaborer un protocole spécifique pour les fournisseurs de services de santé reproductive qui accueillent des femmes victimes de violence. Selon Condition féminine Canada, l'organisme a fait la demande de subvention lors de l'exercice financier 2015-2016 et le projet aurait de toute façon satisfait aux critères établis par l'ancien gouvernement conservateur.

La ministre au Développement international, Marie-Claude Bibeau, a récemment annoncé que le Canada augmentera la part de l'aide au développement réservée à la santé sexuelle et reproductive afin de compenser l'arrêt du financement américain. Le gouvernement pourrait contribuer au fonds international fondé par les Pays-Bas pour que les femmes des pays en voie de développement aient accès, entre autres choses, à l'avortement.

Mme Bibeau doit participer à la rencontre internationale à ce sujet qui se déroulera à Bruxelles le 2 mars, a confirmé un porte-parole de la ministre, Louis Bélanger.

Mme Monsef a souligné le travail réalisé par sa collègue. «Elle travaille à assurer les droits de toutes les femmes de la planète à pouvoir compter sur les services de santé reproductive. Nous y croyons aussi bien pour les femmes vivant ici que pour celles à l'étranger.»