À l'image de la clinique SABSA de Québec, une clinique de proximité opérée par des infirmières espère voir le jour d'ici le printemps à Montréal-Nord. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) souhaite que les différents gouvernements considèrent sérieusement le projet afin d'éviter d'avoir une fois de plus à « quêter » du financement.

« On apprenait hier dans les médias qu'un contrat de 34 millions de dollars a été accordé pour permettre à des médecins de devenir millionnaires. Et nous, on doit encore se battre pour que de petites structures, infiniment moins chères, voient le jour. J'espère que les élus vont avoir honte qu'on soit obligé de quêter », a déclaré la présidente de la FIQ, ce matin, à Montréal-Nord.

Un projet en demande

Dès 2015, des organismes communautaires de Montréal-Nord ont consulté la population et constaté que plusieurs citoyens déploraient le manque d'accès aux services de santé dans le quartier. Pour la population, dont plusieurs nouveaux arrivants, il était trop facile de s'y perdre.

«Les services sont souvent loin de leur domicile. Pour des gens à faible revenu, payer 3,50$ pour se rendre à la clinique. Devoir revenir à la maison, car la clinque est pleine et devoir y retourner le lendemain, c'est un frein à l'accès », note Cybel Richer-Boivin, porte-parole de Parole d'excluEs.

L'idée de créer une clinique de proximité a donc vu le jour. L'arrondissement de Montréal-Nord a déjà accordé du financement au projet. Et la Société d'habitation populaire de l'est de Montréal (SHAPEM) a accepté de fournir des locaux pour la future clinique.

Hier matin, les locaux de l'organisme Parole d'excluEs rue Lapierre à Montréal-Nord étaient fort occupés. Les citoyens du quartier étaient invités à se présenter à la clinique d'un jour tenue par des infirmières, qui se voulait un avant-goût des services qui pourraient leur être offerts dès le printemps.

«On veut cette clinique. Les gens souhaitent un endroit près de chez eux, où ils ne seront pas jugés, pas entrés dans un moule. Il y a moyen de faire autrement dans le réseau », affirme Mme Laurent.

Question d'argent

Plusieurs questions restent toutefois à régler avant l'ouverture officielle de la clinique, dont celle du financement. Pour Mme Laurent, il est inacceptable que des projets comme celui-ci en soient toujours « à quêter ».

Présente pour l'annonce, la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, a assuré son appui au projet. Tout comme le documentariste et co-fondateur de Montréal-Nord Républik, Will Prosper, qui est heureux que ce projet de clinique «s'attarde aux vrais problèmes de la communauté» et permette de « ramener la confiance au système ». « Les investissements doivent suivre », dit-il.

L'an dernier, la clinique d'infirmières SABSA qui suit près de 1700 patients dans le quartier St-Roch à Québec a dû se battre d'arrache-pied afin d'obtenir du financement du gouvernement.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui avait d'abord critiqué ce «réseau parallèle », a finalement signé une entente pour couvrir le tiers des frais de fonctionnement de la clinique ainsi que pour payer le salaire d'une infirmière praticienne spécialisée, d'une travailleuse sociale et des fournitures médicales.

Au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l'Île-de-Montréal, on explique qu'aucune demande officielle de financement n'a été reçue jusqu'à maintenant pour la clinique de proximité. Mais des discussions sont en cours et le CIUSSS assure être «en mode collaboration».