Une médecin d'expérience a écopé d'une période de radiation d'un mois de son ordre professionnel pour ne pas avoir prescrit une mammographie à une patiente qui la consultait pour une masse à son sein droit. Or, cette masse était en fait un cancer malin de stade 2, repéré seulement six mois plus tard en raison de la négligence de la Dre Sylvie Berthiaume.

« En matière de gravité objective, la conduite reprochée à l'intimée est grave et elle porte ombrage à l'ensemble de la profession », conclut le conseil de discipline du Collège des médecins du Québec dans une décision rendue le 13 janvier dernier.

Le 16 janvier 2013, une patiente dont l'identité est protégée par la Cour raconte à sa médecin de famille qu'elle « sent une bosse au sein droit ». Après vérification, la Dre Berthiaume ne palpe aucune masse. Ainsi, elle ne prescrit aucun test à sa patiente et l'invite à la rappeler en cas de détérioration. Elle lui rappelle aussi qu'elle doit subir une mammographie au cours de l'année.

En juin, la patiente sent toujours cette masse à son sein droit et prend rendez-vous avec sa médecin. À nouveau, celle-ci ne détecte aucune masse suspecte. Toutefois, elle lui prescrit cette fois une mammographie et une échographie. En juillet, le couperet tombe : elle souffre d'un cancer malin de stade 2. La patiente subira des traitements de chimiothérapie, d'hormonothérapie et deux opérations, dont une mastectomie partielle. Le jugement n'évoque ni l'état de santé actuel de la patiente ni la responsabilité de la médecin dans le développement du cancer.

Selon le conseil de discipline « formé majoritairement de pairs », la faute de Sylvie Berthiaume « touche le fondement même de la médecine, soit le diagnostic, l'investigation et le suivi ». Dès le rendez-vous du 16 janvier, la médecin de famille aurait ainsi dû prescrire une mammographie et une échographie à sa patiente, puis prendre un rendez-vous dans le mois suivant, puisque celle-ci « présentait plusieurs facteurs de risque ».

La Dre Sylvie Berthiaume, qui a plaidé coupable à cette infraction, assure avoir modifié sa pratique depuis 2013. Pendant cette période, elle comptait d'ailleurs 800 patients. Elle a témoigné pendant les audiences avoir été grandement affectée par le diagnostic de sa patiente. « Elle vit quotidiennement avec une pensée pour la patiente », écrit le conseil. La Dre Berthiaume prévoit par ailleurs quitter la profession en juillet prochain après 36 ans de pratique.

La plaignante demandait une radiation de trois mois, tandis que la médecin souhaitait s'en tirer avec une simple réprimande. Le conseil de discipline a finalement tranché pour une période de radiation d'un mois, notamment en raison du risque de récidive « minime » de la Dre Berthiaume.