Le grand patron des Maple Leafs, des Raptors et des Argonauts de Toronto a réussi une échappée en zone adverse, hier, en donnant 20 millions de dollars à l'Institut neurologique de Montréal. Selon le milliardaire Larry Tanenbaum, il s'agissait de la meilleure institution pour faire avancer la recherche sur les maladies du cerveau.

Montréal « à l'avant-garde »

M. Tanenbaum, un philanthrope actif dans le milieu de la santé, veut ainsi accélérer la découverte de médicaments pour des maladies qui affectent le cerveau de 11 millions de Canadiens. « Le Canada, le Québec et Montréal sont à l'avant-garde » de ce combat, a affirmé M. Tanenbaum, lors de l'annonce. Il a ajouté que ces enjeux le touchaient directement : « Ma mère est décédée de la maladie d'Alzheimer [...] et trois proches amis, de cancers du cerveau », a-t-il dit. « Je suis fier de notre contribution. J'aurais aimé que ces découvertes soient faites il y a plusieurs années. »

Des chaussettes du Canadien pour Trudeau

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau était présent à l'annonce. « Des projets comme celui-ci vont permettre au Canada de se tailler une place sur l'échiquier mondial en matière d'innovation », a-t-il dit en remerciant Larry Tanenbaum.

M. Trudeau n'a d'ailleurs pas hésité à tancer gentiment le philanthrope torontois. « Ceux qui me connaissent savent que j'ai beaucoup de chaussettes. J'ai porté mes bas de McGill hier soir pendant une entrevue à Radio-Canada. Ce qui m'a - malheureusement pour Larry - obligé à porter mes chaussettes des Canadiens de Montréal aujourd'hui. Mais c'est correct, nous acceptons nos divergences. »

Un institut de recherche collaboratif

Sa contribution servira à financer la création d'un projet de partage de données pour les scientifiques. « Voici ce qui est à l'honneur aujourd'hui : la transformation de la recherche, l'élimination des obstacles, le décloisonnement et, surtout, le courage des chercheurs de faire en sorte que les patients et le progrès priment sur toutes autres considérations », indique M. Tanenbaum dans son communiqué. Concrètement, l'institut fera l'acquisition de moyens technologiques visant à faciliter le partage des données entre chercheurs, afin d'éviter la perte de temps et de ressources liée au dédoublement des expériences.

« Une certaine frustration »

Le directeur de l'Institut neurologique de Montréal, Guy Rouleau, s'est dit « extrêmement heureux » de la contribution de M. Tanenbaum. « En tant que médecin, je trouve très difficile d'accepter que la médecine a fait des progrès majeurs dans les dernières années dans le traitement du cancer et des maladies cardiaques, alors que les maladies neurologiques comme l'alzheimer et le parkinson n'ont pas fait l'objet des mêmes avancées, a-t-il regretté. Nous n'avons encore aucun médicament qui modifie la pathologie. Aucun. » L'idée de mettre en place l'institut de recherche collaboratif permis par le don de M. Tanenbaum est donc le fruit « d'une certaine frustration et d'un sentiment d'urgence », a-t-il ajouté.

Larry Tanenbaum

M. Tanenbaum possède la 67e fortune du Canada, selon le magazine Canadian Business, qui l'évalue à 1,53 milliard. Ses actifs dans les équipes sportives de Toronto lui permettent de siéger aux comités de direction de la Ligue nationale de hockey (LNH), de la National Basketball League (NBA) et de la Major League Soccer (MLS). Il tient aussi les rênes de Kilmer Van Nostrand Co., une importante firme de génie civil et de construction immobilière.

D'autres généreux donateurs en santé

Famille Saputo

10 millions à l'Institut de Cardiologie de Montréal en 2016

P.K. Subban

10 millions à la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants en 2015 sur une période de sept ans

André Desmarais et France Chrétien Desmarais

6 millions à l'Institut de cardiologie de Montréal pour une biobanque sanguine et génétique en 2015 

Banque Nationale

8 millions aux fondations du Centre hospitalier de l'Université de Montréal et du Centre universitaire de santé McGill en 2011

Banque Royale du Canada

4 millions aux fondations du Centre hospitalier de l'Université de Montréal et du Centre universitaire de santé McGill en 2010

Avec Louis-Samuel Perron, La Presse