Le nombre de cycles de fécondation in vitro réalisés au Centre de la reproduction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a chuté de 50 % depuis que le gouvernement a abandonné son programme public de procréation assistée en 2015, a révélé hier le directeur médical de la clinique lors d'une présentation aux médias de ses nouvelles installations.

Depuis le 24 octobre, le Centre de la reproduction du CUSM a déménagé à la Place Dupuis dans les locaux de la défunte clinique de fertilité du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), fermée le 30 juin dernier.

Depuis l'abandon par le gouvernement du programme de procréation assistée en novembre 2015, le nombre de cycles de fécondation in vitro est passé d'environ 2000 par année à 1000 au Centre de la reproduction du CUSM, le plus grand centre de fertilité public au Québec. Six travailleurs de laboratoire et trois infirmières ont été remerciés.

Les six médecins du Centre de la reproduction du CUSM sont toutefois heureux de pouvoir maintenant travailler dans des locaux neufs et à la fine pointe de la technologie. Les cinq salles d'examen et le laboratoire d'embryologie ultramoderne sont situés dans des locaux lumineux au centre-ville de Montréal. Jusqu'à tout récemment, les médecins devaient travailler dans leur clinique désuète de l'hôpital Royal Victoria.

Plusieurs des traitements offerts au Centre de la reproduction du CUSM sont encore payés par l'État, comme l'insémination et les consultations. Mais depuis novembre 2015, les patients doivent payer pour leurs traitements de fécondation in vitro. Seuls certains peuvent obtenir un crédit d'impôt. Le coût d'un cycle de fécondation se situe entre 8000 et 15 000 $.

Plus tôt ce mois-ci, La Presse a rapporté qu'un an après l'adoption du projet de loi 20 à Québec, certaines cliniques privées de procréation assistée avaient enregistré des baisses de près de 50 % du nombre de demandes pour la fécondation in vitro.

EFFETS PERVERS

Le directeur médical de la clinique, le Dr William Buckett, refuse de critiquer ouvertement l'abandon du programme public de procréation assistée. Avec le recul, il affirme que le programme a « peut-être été un peu trop généreux ». Mais aujourd'hui, certains effets pervers apparaissent. Notamment, les couples attendent plus longtemps avant d'entreprendre leurs traitements. « Ils attendent d'avoir assez d'argent », affirme le Dr Buckett, qui ajoute que pour les couples à la santé financière plus fragile, l'accès à la fécondation in vitro n'est tout simplement plus possible.

Elisa Meliton est suivie à la clinique de fertilité du CUSM depuis 10 ans. Il y a deux ans et demi, après plusieurs soins, cinq fausses couches et des traitements de fécondation in vitro, Mme Meliton, aujourd'hui âgée de 43 ans, a accouché de son fils. 

« Je rêvais depuis l'âge de 9 ans d'être maman. Mon fils me donne tellement de joie. C'est inimaginable. » - Elisa Meliton

Mme Meliton a encore deux embryons congelés au CUSM. Elle tentera de retomber enceinte sous peu. Mais pour elle, recommencer les traitements de fécondation in vitro n'est pas une option envisageable. Car à la difficulté des traitements s'ajoute aujourd'hui une pression financière extrême. « Ça serait trop dur pour mon couple », dit Mme Meliton, qui estime que si elle avait dû payer pour les traitements qu'elle a subis afin d'avoir son fils, la facture aurait été de « 60 000 à 100 000 $ ».

Présente pour la visite des nouveaux locaux hier, Mme Meliton se réjouissait de l'apparence des lieux. « Si ça peut aider les employés à faire leur travail plus efficacement, tant mieux. C'est une équipe extraordinaire », affirme-t-elle.