Quatre des principales associations représentants les pharmaciens et les chaînes et bannières de l'industrie unissent pour une rare fois leur voix pour dénoncer « l'approche unilatérale, sans nuance et précipitée du ministre de la Santé, Gaétan Barrette », dans sa gestion de plusieurs dossiers liés à la pharmacie communautaire.

L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), l'Association des bannières et chaînes de pharmacie du Québec (ABCPQ), l'Association québécoise des distributeurs en pharmacie (AQDP) et l'Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ) réclament du même coup un grand chantier sur leur industrie.

Les associations accusent le ministre Barrette d'avoir multiplié les changements dans le monde de la pharmacie depuis deux ans, et ce, « sans aucune véritable planification, sans réelle évaluation des impacts des mesures mises en place et sans la collaboration des acteurs de cette industrie. »

Changements successifs

La semaine dernière, le ministre Barrette a par exemple déposé « sans préavis », selon les associations, des amendements au projet de loi 92 visant à accroître les pouvoirs de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ). Le ministre veut entre autres obliger les pharmaciens à ventiler leurs factures afin d'encourager les consommateurs à magasiner leur pharmacie en fonction du prix des médicaments.

En juin 2015, Québec a adopté une ponction de 400 millions sur les honoraires des pharmaciens en échange d'une levée totale du plafond de leurs allocations professionnelles. Mais en avril 2016, le ministre a fait volte-face et déposé un règlement dans lequel il imposait finalement une levée partielle et progressive du plafond des allocations professionnelles.

Finalement, le projet de loi 81 qui vise à permettre au gouvernement de lancer des appels d'offres pour l'achat de médicaments afin d'obtenir le meilleur prix, est attendu sous peu. Cette loi aura elle aussi plusieurs répercussions sur les pharmaciens, car si le prix des médicaments baisse, la rémunération des pharmaciens baissera également.

Pour les quatre associations, la meilleure solution serait de créer un grand chantier sur la pharmacie pour permettre à tous les acteurs, mais aussi à des experts, de travailler de façon concertée. Les quatre associations disent attendre une réponse du gouvernement à cette demande « dans les meilleurs délais ».

En chiffres

La pharmacie communautaire au Québec

• 47 000 employés (dont 4639 pharmaciens salariés)

• 1889 pharmacies

• 2071 pharmaciens

Les chaînes et bannières : Brunet, Familiprix, Jean Coutu, Loblaw, Pharmaprix, Proxim, Uniprix et Walmart.