Environ 18% des Canadiens ont conduit avec les facultés affaiblies par la marijuana ou ont été passagers d'un conducteur au volant sous l'effet de la marijuana, selon un sondage de l'Association canadienne des automobilistes (CAA).

L'organisme réclame «de nouvelles lois significatives et claires» pour «dissuader» les Canadiens de conduire avec les facultés affaiblies par la marijuana quand le gouvernement Trudeau présentera au printemps 2017 son projet de loi pour légaliser cette substance.

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Proportion des Canadiens ayant conduit avec les facultés affaiblies par la marijuana ou ayant été le passager d'un conducteur avec les facultés affaiblies par la marijuana :

Total : 18%

18-34 ans : 26%

35-54 ans : 16%

55 ans et plus : 12%

26% : Proportion des Canadiens de 18 à 35 ans croyant que la marijuana n'affecte pas les facultés d'un conducteur automobile, selon un sondage du CAA. Des « perceptions erronées », selon la Traffic Injury Research Foundation (TIRF), un organisme indépendant financé à la fois par le secteur public et le secteur privé.

Source : sondage du CAA

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Deux fois plus d'accidents mortels dans l'état de Washington

La marijuana a été légalisée dans l'État de Washington en 2012. En 2014, la proportion des conducteurs impliqués dans un accident mortel ayant consommé de la marijuana est passée de 8% à 17%, selon une étude de l'Association américaine des automobilistes (AAA).

Un «0,08» pour le pot?

Doit-on avoir une limite criminelle de consommation de marijuana au volant, au même titre que la limite de 0,08 g/L d'alcool? Le CAA ne prend pas position. «Nous voulons ce qui sera le plus efficace, et nous avons besoin de davantage d'information. Il faut clairement mettre des balises, mais c'est difficile de le faire pour le moment, car nous manquons de données», dit Annie Gauthier, porte-parole de CAA-Québec, qui a soumis hier un rapport au gouvernement Trudeau.

Le rapport, écrit par la Traffic Injury Research Foundation (TIRF) pour le CAA, précise que la «validité d'une telle limite suscite beaucoup de débats, surtout en raison de l'absence de consensus scientifique sur le taux [de cannabis] dans le sang qui entraîne l'incapacité de conduire.»

Le rapport préfère une présomption à partir d'un certain seuil «comme élément de preuve, sans que ce niveau, seul, constitue un signe d'intoxication». Certains États américains ayant légalisé la marijuana ont établi des limites légales pour conduire variant de 2 à 5 ng/ml de tétrahydrocannabinol (l'une des substances chimiques les plus présentes dans la marijuana).

Tolérance zéro pour les jeunes conducteurs

Par contre, le rapport soumis par CAA-Québec au gouvernement Trudeau est clair : «Il faudrait envisager des lois tolérance zéro pour les jeunes conducteurs», comme c'est le cas pour l'alcool. Sinon, il y a le risque que les jeunes conducteurs soient «plus susceptibles d'aller vers le cannabis au lieu de l'alcool pour éviter les sanctions», écrit le TIRF.

Le rapport met toutefois un bémol dans le cas de «certaines drogues [qui] restent détectables plusieurs jours après la consommation, alors qu'elles n'ont plus d'effets sur les facultés».