La Société canadienne du cancer invite les gouvernements fédéral et provinciaux à se pencher rapidement et sérieusement sur l'augmentation prévue des cas de cancer, puisque le nombre croîtra «au minimum» de 35 % d'ici 2030, entraînant une pression énorme sur le coût des soins de santé.

La Société vient de publier ses statistiques annuelles sur le cancer au pays.

D'ici 14 ans, soit d'ici 2030, elle s'attend à ce que le nombre de cas de cancer au Québec passe de 50 000 à 70 000. Au Canada, elle prévoit que le nombre de cas passera de quelque 200 000 à 280 000.

Ces hausses sont dues essentiellement au vieillissement global de la population ainsi qu'à la croissance démographique, a expliqué au cours d'une entrevue André Beaulieu, porte-parole de la Société canadienne du cancer.

Il pose lui-même la question: sommes-nous prêts à affronter l'augmentation des coûts de santé qui en résultera? La réponse est non.

À l'heure où les ministres de la Santé discutent du financement des soins de santé, il presse les gouvernements de prendre au sérieux la situation dès maintenant et de planifier en conséquence.

Il faudra faire des choix, établir des partenariats, adopter des politiques de santé publique plus élaborées et négocier de meilleurs prix pour les médicaments, plaide le porte-parole de la Société canadienne du cancer.

Plus précisément, 202 400 Canadiens devraient recevoir un diagnostic de cancer en 2016 et 78 800 en mourront.

Le cancer du poumon reste la principale cause de décès parmi tous les cancers. Il cause même plus de décès que les trois autres principaux cancers combinés, à savoir le cancer colorectal, celui du sein et celui de la prostate.

Des 202 400 nouveaux cas de cancer diagnostiqués au pays en 2016, plus de la moitié, soit 102 100, seront des cancers du poumon, du sein, de la prostate et des cancers colorectaux, indique la SCC.

Elle observe toutefois «une baisse appréciable» du taux de décès reliés au cancer du poumon depuis 30 ans, et ce, particulièrement chez les hommes. M. Beaulieu explique cela par le fait que les hommes ont cessé de fumer avant les femmes.

«C'est pour ça qu'on continue de pousser pour des lois antitabac. En ce moment, on fait une demande au gouvernement fédéral pour l'emballage neutre (des paquets de cigarettes) pour s'assurer que le taux de tabagisme baisse le plus possible au pays», a indiqué M. Beaulieu.

En 2016, quelque 96 % des décès par cancer au Canada seront enregistrés chez des personnes de plus de 50 ans.

Le taux de survie après cinq ans chez les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer est d'environ 60 %, mais il varie énormément selon le type de cancer. Pour le cancer de la glande thyroïde, ce taux de survie après cinq ans atteint 98 %, et pour le cancer du testicule, 96 %.

«Il y a quand même beaucoup d'espoir. Nous, on sait que si on met de l'avant des politiques de santé publique et de la prévention, on peut faire passer le taux de survie globale de 60 à 80 %», a opiné M. Beaulieu.

Il songe ici à des moyens comme les tests de dépistage, la vaccination dans le cas des cancers liés au Virus du papillome humain (VPH), par exemple, et à la lutte contre le tabagisme.

Liés au VPH

D'ailleurs, cette année, les statistiques de la Société incluent un volet spécial sur les cancers associés au VPH.

En 2012, 3760 Canadiens se sont vu diagnostiquer un cancer associé au VPH, comme ceux de l'oropharynx, du col de l'utérus, de l'anus, du vagin, de la vulve ou du pénis.

Les deux tiers des cancers associés au VPH sont diagnostiqués chez les femmes, mais 80 % des cancers de l'oropharynx liés au VPH le sont chez des hommes.

La vaccination contre le VPH est offerte aux filles en général depuis 2006 et aux garçons depuis 2012. Mais la situation varie selon la province.

«La vaccination pourrait contribuer à faire baisser le nombre de cas à l'avenir. On vaccinait depuis plusieurs années les jeunes filles. Et maintenant, on va vacciner les jeunes garçons; au Québec ça vient de débuter. Mais ce n'est pas dans toutes les provinces au pays que la vaccination est offerte chez les jeunes garçons», déplore M. Beaulieu.