L'une prend soin de son fils de 45 ans qui souffre de schizophrénie depuis l'adolescence. L'autre compose depuis sa jeunesse avec un grave problème d'anxiété, ce qui ne l'a pas empêché d'obtenir une maîtrise et de travailler. Une autre encore estime que l'organisme Le havre à nous lui a sauvé la vie et lui a redonné sa dignité, il y a six ans, en lui permettant de vivre dans un logement supervisé.

Il y avait autant d'histoires que de marcheurs, à la huitième édition de Montréal marche pour la santé mentale, hier matin. Sous une pluie battante, un millier de personnes ont déambulé d'un même pas, au centre-ville. Le cortège regroupait des personnes souffrant de maladie mentale, des membres de leurs familles, des travailleurs, des experts, des bénévoles et des supporteurs. Le but de cette sortie : sensibiliser les gens à la maladie mentale et combattre la stigmatisation de ceux qui en souffrent.

« Un Québécois sur cinq va être atteint de maladie mentale. L'idée, c'est de voir que ceux qui en souffrent sont comme les autres. On veut montrer qu'il y a de l'espoir, que des gens se rétablissent et sont fiers d'eux-mêmes », de dire Mimi Israël, chef du département de psychiatrie au Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal.

Dans l'éventail des affections humaines, la maladie mentale est souvent l'objet de préjugés et fait un peu bande à part. « C'est rare que les gens vont marcher pour nous. On veut informer que la santé mentale mérite la même attention que le cancer ou le diabète », ajoute Mme Israël.

L'AFFAIRE DE TOUS

Pour la deuxième année consécutive, l'événement organisé par la Fondation Montréal marche pour la santé mentale avait pour porte-parole l'auteure, compositrice et interprète Jessica Vigneault. « Je me sens interpellée par cette cause-là. Dans le milieu des arts, mais aussi dans tous les milieux, on a tendance à stigmatiser. Les gens qui ont des problèmes ont de la difficulté à aller chercher de l'aide de la bonne façon, à la bonne place. J'ai vu beaucoup de cas comme ça autour de moi. »

La santé mentale est l'affaire de tous, et de tout un chacun. Mme Vigneault, qui est la fille de Gilles Vigneault, signale qu'elle a eu à voir à la sienne elle aussi. « Pas de façon très importante, mais comme tout le monde, on a des périodes plus difficiles que d'autres, et il faut s'entourer. L'idée de communiquer, de briser les tabous, d'être authentique et soi-même résonne beaucoup pour moi. »