Plus de la moitié des techniciens du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine seront mutés au cours des prochains mois au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) alors que le projet Optilab du gouvernement sera déployé, a appris La Presse.

Dès aujourd'hui, les différents syndicats du réseau de la santé seront rencontrés par leur établissement de santé pour connaître les détails du projet Optilab. Ce vaste projet vise à centraliser la majorité des activités de laboratoire des hôpitaux de la province dans une poignée de « laboratoires-serveurs ». Le gouvernement envisage d'économiser jusqu'à 75 millions par année avec cette mesure.

À Montréal, les analyses de laboratoire seront centralisées au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Dans un document ministériel obtenu par La Presse, on apprend que le nombre d'heures travaillées par les employés du laboratoire du CHU Sainte-Justine diminuera de 192 000 par année. En tout, 60 % des 179 techniciens de laboratoire devront aller travailler au CHUM.

Plusieurs autres hôpitaux de Montréal devront aussi diminuer de façon draconienne leur nombre d'heures travaillées dans leur laboratoire. En contrepartie, le CHUM enregistrera une hausse d'heures travaillées de 160 000 par année.

LOT D'INQUIÉTUDES

Le projet Optilab suscite son lot d'inquiétudes auprès des travailleurs. « De tels transferts risquent de provoquer de nombreuses pertes d'emplois, une perte d'expertise importante et une diminution de la qualité des services à la population [...]. Nous sommes sur le pied d'alerte et extrêmement préoccupés », a écrit le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, dans un communiqué publié hier.

Présidente du Syndicat des professionnels et techniciens du CHU Sainte-Justine, Dominique Pallanca s'inquiète elle aussi des impacts du projet Optilab. « Les pertes en termes d'effectif au CHU Sainte-Justine sont énormes. Le CHUM pourra-t-il accueillir tout notre monde ? Beaucoup de gens ont choisi Sainte-Justine pour travailler avec des enfants... Il y a beaucoup d'inquiétude actuellement », dit-elle.

Samedi dernier, La Presse a rapporté que les médecins de Sainte-Justine s'inquiétaient également de cette fusion qui risque, selon eux, de menacer la qualité des soins aux patients.

Le ministre Barrette estime que les médecins du CHU Sainte-Justine « exagèrent » avec leurs craintes du projet. « La pédiatrie a toujours voulu être une chasse gardée », dit-il.

S'il reconnaît que le projet Optilab suscite des craintes, M. Barrette souligne qu'il « ne [peut] pas passer à côté de ces économies ». Le ministre ajoute que le projet s'implantera « progressivement » dans les différentes régions du Québec et que certaines modifications, notamment sur la Côte-Nord, seront apportées.

Le ministre assure que le projet Optilab n'aura aucun effet négatif sur les patients. Au contraire, la « qualité augmentera » et le projet générera des « économies de système ». « Pour une première fois dans le réseau, nous réaliserons des économies à Montréal qui iront en région. C'est un des exercices les plus positifs à faire pour le Québec », affirme le ministre, qui ajoute qu'aucun laboratoire ne fermera et que les tests les plus urgents resteront dans chaque établissement.

La CSN tiendra une conférence aujourd'hui à 13 h pour discuter du projet.