La ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, semble vouloir imposer des conditions aux transferts en santé que recevront les provinces, même si elle choisit avec prudence son vocabulaire.

Il y a tout juste une semaine, le premier ministre Philippe Couillard, lui, ne mâchait pas ses mots. «Pour nous, il n'en est pas question», disait-il de la possibilité qu'Ottawa demande des comptes à Québec sur ses dépenses en santé.

Mardi après-midi, à sa sortie de la réunion du cabinet, la ministre Philpott ne voulait pas parler de conditions. «Je pense que le mot «conditionnel', les mots comme «à condition', c'est du vocabulaire provocateur», a-t-elle offert.

Et tout en évitant le mot «provocateur», la ministre a rapporté que dans ses discussions avec les provinces, elle a clairement indiqué que toute dépense supplémentaire en santé doit aller là où il y a les plus grands besoins, comme les soins à domicile et la santé mentale. «Et les Canadiens s'attendent vraiment à ce que nous puissions savoir où va cet argent», a-t-elle ajouté.

Pour ce qui est du fédéralisme asymétrique, la ministre a confirmé que son gouvernement adhère toujours au «concept», tout en ajoutant  un «mais» insistant.

«Des options pour des ententes bilatérales (sont) disponibles. Mais, vous savez, en soins de santé et en santé en général, nous réussissons mieux quand nous collaborons. Nous réussissons mieux quand nous partageons nos expériences», a-t-elle dit.

La ministre a également répété qu'à partir de l'année qui vient, le taux de croissance annuel des paiements de transfert en santé ne sera plus de 6 %.

La semaine dernière, le premier ministre québécois et son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ont dénoncé la diminution du taux de croissance des transferts et la possibilité de conditions.

Québec réclame que les transferts en santé représentent le quart des dépenses en santé de la province. Le ministre Barrette reproche à Ottawa de payer entre 20 et 22 % des dépenses en santé des provinces à l'aide de ce transfert.

«On leur demande, sur 10 ans, de revenir à 25, et même pour ça, il n'y a aucune discussion au moment où on se parle», se plaignait le ministre Barrette, il y a une semaine.

La position de Québec contraste avec le discours de la ministre Philpott qui assure qu'elle et son homologue québécois s'entendent sur un certain nombre de priorités.