La question de surprescription d'opioïdes sera abordée mercredi par deux associations médicales réunies à Vancouver.

L'Association canadienne de protection médicale (ACPM) tient son assemblée annuelle conjointement avec le conseil général de l'Association médicale canadienne (AMC).

Pour l'occasion, l'organisme qui assure la défense juridique de ses médecins membres a réuni un groupe d'experts afin de se pencher sur les défis que présente la montée en flèche de la dépendance aux opioïdes.

Les opioïdes, qui comprennent notamment le fentanyl et l'oxycodone, sont prescrits pour soulager la douleur causée par une blessure, un cancer ou encore une condition médicale chronique. Les patients développent souvent une certaine tolérance à ces médicaments et ils en deviennent presque tous dépendants après une consommation quotidienne prolongée sur plusieurs semaines, indique l'ACPM.

Son directeur administratif en soins médicaux sécuritaires, Gordon Wallace, affirme que l'utilisation d'opioïdes s'est répandue il y a près de 20 ans, alors que les médecins faisaient face à des pressions pour mieux soulager la douleur. L'industrie pharmaceutique aurait également contribué à leur proéminence actuelle.

Tandis que grimpent les taux de dépendance à ces drogues dangereuses, les médecins doivent envisager d'autres solutions. Le docteur Wallace rapporte que le Canada se range au deuxième rang mondial, tout juste derrière les États-Unis, en matière de consommation d'opioïdes sous ordonnance par habitant.

De 2010 à 2015, l'ACPM s'est impliquée dans 151 causes relatives à des allégations de préjudices aux patients concernant la prescription et l'administration d'opioïdes. La plupart étaient en lien avec le traitement de douleurs non liées au cancer.

Le docteur Wallace affirme que ces dossiers étaient axés sur trois thèmes majeurs, soit une évaluation déficiente des patients, une prescription simultanée d'opioïdes et d'autres sédatifs ainsi que la difficulté à reconnaître un comportement toxicophile.

Dans la foulée d'une vague de décès par surdose, la Colombie-Britannique a récemment déclaré l'état d'urgence en santé publique. Si la plupart de ces décès sont imputables à la consommation de drogues illicites, le docteur Wallace soutient que la surprescription n'est pas étrangère au phénomène.

Un des experts présents à la conférence de mercredi devait témoigner de la coopération entre les divers services publics dans l'État de Washington. Le docteur Gary Franklin promeut une approche collaborative avec toutes les agences gouvernementales impliquées dans les soins de santé, incluant les services correctionnels, pour élaborer les directives quant à la prescription d'opioïdes. Il soutient qu'ainsi, Washington est devenu le premier État américain à établir un seuil pour le dosage, en 2007.