Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, s'impatiente face à l'immobilisme du gouvernement Trudeau en matière de transferts en santé.

Alors qu'il était interrogé sur les nouvelles compressions de 127 postes qu'il impose cette année au Centre intégré universitaire de santé (CIUSSS) du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le ministre a retourné l'argumentaire contre le gouvernement fédéral pour exiger que celui-ci remplisse ses engagements électoraux au plus vite.

«Le fédéral doit prendre une position et doit s'engager à décaisser les montants appropriés à partir de 2017 et au moment où l'on se parle, ce n'est pas le cas», a déclaré le ministre.

«Nous avons besoin de ces sommes-là pour maintenir les services.»

Gaétan Barrette a expliqué avoir eu une rencontre téléphonique des ministres de la Santé des provinces et du fédéral, en début de semaine, dans laquelle la demande de rehaussement faisait l'unanimité.

«Nous demandons à ce que le gouvernement fédéral - et toutes les provinces le demandent - rétablisse un niveau adéquat du financement en santé, et pas en 2022, à partir de 2017», a martelé le ministre Barrette.

Il réclame un rehaussement des transferts afin que l'argent fédéral couvre 25 % des dépenses en santé de la province, plutôt que les 22 % actuels.

Le ministre affirme que même la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, est sur la même longueur d'onde que les provinces, mais qu'elle n'a pas les coudées franches.

«Elle (Mme Philpott) a une lecture tout à fait similaire à la nôtre de la situation et elle comprend l'enjeu, mais la décision est gouvernementale. C'est le gouvernement qui doit décider des transferts et du niveau des transferts et de quand ces montants-là seront transférés», a affirmé le ministre.

Or, la rencontre fédérale-provinciale des ministres des Finances, le 20 juin, n'a permis aucune avancée sur ce terrain.

Gaétan Barrette rappelle que le gouvernement Trudeau s'était engagé à mettre en place un nouvel accord sur les transferts en santé et déplore qu'il n'y ait toujours aucune discussion formelle entamée à ce jour.

De plus, il note que les libéraux fédéraux s'étaient engagés, dans leur programme électoral, à investir en maintien à domicile des personnes âgées, en santé mentale et en toxicomanie, mais n'ont débloqué des sommes, jusqu'ici, qu'en maintien à domicile.

Le ministre s'inquiète surtout du mutisme d'Ottawa.

«Un budget, ça commence à se construire en juin (...) et ça se termine à l'automne. Actuellement, il y a un enjeu majeur, très significatif et qui aura des conséquences si le gouvernement fédéral ne prend par les décisions appropriées.»

Coupures ou compressions?

Quant aux réductions de personnel au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le ministre a fait une étonnante nuance pour assurer que les services à la population ne seraient nullement touchés, malgré l'élimination de 127 postes.

«Les usagers n'écoperont pas puisque ce ne sont pas des coupures mais bien des compressions», a-t-il soutenu.

En voulant préciser la nuance, il a poursuivi avec cette explication: «Des 127 postes en question, qui sont réels, la grande majorité sont des postes vacants.»

Leur élimination a également fait l'objet d'une tournure qu'affectionne le ministre de la Santé pour expliquer une réduction d'effectifs: «Alors il y a effectivement des postes qui seront optimisés, mais ils ne touchent pas les soins.»

Le CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean doit composer avec une réduction budgétaire de 15 millions $ qui s'inscrit dans la coupe globale de 242 millions $ mise au jour par le quotidien La Presse le week-end dernier.