Après le ministre de la Santé Gaétan Barrette, c'était au tour du premier ministre Philippe Couillard, jeudi, de rappeler fermement au gouvernement fédéral qu'il doit augmenter les paiements de transfert qu'il verse aux provinces pour la santé, et ce, sans conditions et sans reddition de comptes.

Le premier ministre Couillard a discuté de la question, jeudi, avec son homologue de la Saskatchewan, Brad Wall, qui est venu le rencontrer à ses bureaux de Montréal.

Au cours d'une rencontre avec la presse qui a suivi, les deux hommes ont assuré qu'il ne s'agissait pas seulement pour eux de tendre la main pour réclamer plus d'argent au gouvernement fédéral.

Le premier ministre Couillard a soutenu que la solution à certaines lacunes du système de santé passait nécessairement par un ajout de fonds en provenance du gouvernement fédéral.

«On veut innover; on sait quels sont les besoins. On sait exactement ce qu'il faut faire», a-t-il affirmé, faisant référence aux entrevues de fin de session parlementaire qu'il a données à certains médias et dans lesquelles il a beaucoup été question de soins et services aux personnes âgées en CHSLD (Centres d'hébergement et de soins de longue durée).

Le débat sur le nombre de bains en CHSLD a encore été relancé, au cours des dernières semaines, et les organisations syndicales s'époumonent depuis des mois à dénoncer le manque de ressources et le manque de temps pour s'occuper des patients, à cause des compressions budgétaires qui se sont accumulées au fil des ans.

«Oui, ça prend de meilleures pratiques et de la meilleure gestion, mais ça prend également plus de ressources. Et on a beaucoup de missions gouvernementales à remplir au Québec. On a des finances publiques qui sont serrées et on veut faire mieux. Et pour faire mieux, on a besoin de l'aide du gouvernement fédéral: qu'il rehausse le Transfert canadien en santé et qu'il le fasse sans conditions et sans reddition de comptes entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral», a lancé le premier ministre Couillard.

M. Couillard a par ailleurs refusé de faire un lien avec le fait qu'Ottawa pourrait réduire les paiements qu'il fait au Québec en matière de santé, puisque la province tolère que des frais accessoires soient facturés aux patients - ce qui contrevient à la Loi canadienne sur la santé.

«Ce n'est pas un sujet qui s'applique du tout», a rétorqué le premier ministre.

Il a réitéré la volonté, déjà exprimée par le ministre Barrette, d'abolir les frais accessoires et de les inclure dans la rémunération des médecins. Il faudra toutefois que cette question soit négociée avec les fédérations de médecins, ce qui peut prendre un certain temps.

Et Québec fait déjà face à une demande d'autorisation de recours collectif, parce qu'il a toléré ces frais accessoires exigés par des cliniques auprès de patients.

«Je suis favorable à un système public avec payeur public, dans lequel on peut utiliser des prestataires privés sous financement public. On l'a toujours dit; on l'a toujours fait», a résumé le premier ministre.