Chercher des pansements. Attendre de se faire livrer des seringues. Manquer de culottes d'incontinence. Le personnel soignant des établissements de santé du Québec consacre jusqu'à 10 % de son temps de travail à la gestion du matériel. Deux chercheurs de HEC Montréal s'intéressent à la question et tentent de trouver des solutions pour améliorer les processus d'achat et la gestion des stocks dans les établissements de santé du Québec, qui achètent chaque année pour 5 milliards en produits.

« Ça ne résoudra pas tous les maux. Mais dans un contexte d'économies, les pratiques des établissements les plus performants mériteraient d'être copiées », affirme l'un des auteurs de l'étude, Martin Beaulieu, chercheur au Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.

La mission n'est pas simple. En effet, quotidiennement, les établissements de santé de la province doivent gérer plus de 50 000 produits différents - de la nourriture au matériel médical en passant par les médicaments.

Rien de parfait

En observant les pratiques d'approvisionnement d'établissements de santé de la province, les chercheurs ont constaté qu'« aucun n'est très mauvais, mais aucun n'est parfait », résume M. Beaulieu.

Deux secteurs ont été analysés par les chercheurs : l'approvisionnement, notamment l'élaboration des appels d'offres menant à l'attribution de contrats, et la gestion des stocks permettant de fournir aux différents services de l'hôpital le matériel nécessaire en temps opportun.

En moyenne, les établissements de santé du Québec présentent un taux de mise sous contrat de 56 %, ce qui semble faible aux yeux de M. Beaulieu.

« Les établissements les plus performants ont un taux de 80 %, voire 90 %. On peut penser que ces contrats octroyés par appel d'offres sont conçus avec plus de rigueu », dit le chercheur Martin Beaulieu.

Bien gérer les stocks de son établissement est aussi crucial, ajoute M. Beaulieu. En effet, une bonne logistique permet d'éviter au personnel soignant de chercher du matériel ou d'avoir lui-même à passer des commandes. L'étude de HEC Montréal révèle d'ailleurs que 40 % du personnel des blocs opératoires gère les stocks. « C'est trop. Il faut trouver un moyen d'améliorer ça », estime M. Beaulieu.

Dans certains établissements de santé analysés par Martin Beaulieu et son collègue Jacques Roy, les magasins qui conservent et gèrent le stock reçoivent jusqu'à 50 demandes urgentes par jour. En comparaison, dans les établissements où la gestion des stocks est plus efficace, moins de trois demandes urgentes peuvent être enregistrées.

Plusieurs solutions sont possibles pour aider les hôpitaux à bien gérer leurs stocks, notamment en implantant un meilleur système informatique et en engageant des employés spécialisés. « Chose certaine, il n'y a pas de solution unique. Mais les établissements auraient intérêt à regarder régulièrement leurs performances dans ce secteur et à regarder ce qui se fait ailleurs pour tenter de s'améliorer », note M. Beaulieu.

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Nouveau règlement


La semaine dernière, Québec a adopté un nouveau Règlement sur les contrats d'approvisionnement des organismes publics. Dorénavant, le « coût total d'acquisition » sera considéré au moment d'évaluer les soumissions reçues. Ce coût ne tient pas seulement compte du prix soumis par les concurrents, mais également de tous les frais engendrés durant le contrat - par exemple, les coûts d'entretien et d'installation de certains appareils. Cette semaine, MEDEC, l'association qui représente plus de 150 fournisseurs canadiens de l'industrie des technologies médicales, a salué le règlement, estimant qu'il favorisera « l'optimisation de l'approvisionnement dans le réseau québécois de la santé et des services sociaux ».