Le centre de désintoxication Mélaric rouvrira ses portes dans quelques semaines, a annoncé mercredi le gouvernement Couillard, qui s'est défendu d'avoir commis une erreur en permettant la fermeture de l'établissement en janvier.

Le centre devrait rouvrir ses portes au début du mois de juin, a confirmé la ministre déléguée à la Santé, Lucie Charlebois.

L'annonce est rendue possible par un programme de 6 millions annoncé par Québec une semaine après la fermeture du centre Mélaric. Les pensionnaires n'auront plus à débourser des frais pour y être hébergés.

Québec a également aidé l'organisme à réorganiser son équipe de gestion. L'ancien pilote Robert Piché sera président du conseil d'administration.

La ministre s'est toutefois défendue d'avoir commis une erreur en permettant la fermeture du centre.

« Ça fait partie du cheminement, a-t-elle dit. Vous pouvez le voir comme une erreur, vous pouvez voir le verre d'eau à moitié plein ou à moitié vide, c'est toujours une question d'attitude dans la vie. »

Au moment d'annoncer la fermeture du centre, la directrice générale adjointe, Lise Bourgault, a critiqué avec véhémence le gouvernement Couillard. Elle a révélé avoir lancé plusieurs appels à l'aide auxquels Québec est demeuré sourd.

« Le gouvernement voulait faire fermer des centres ; c'est mission accomplie aujourd'hui ! », avait-elle affirmé dans un communiqué.

Visiblement émue par la réouverture du centre, Mme Bourgault s'est gardée de lancer la pierre au gouvernement mercredi.

« Il n'arrive jamais rien pour rien dans la vie, a-t-elle dit. Peut-être que cette fermeture a été douloureuse, mais peut-être que maintenant avec la réouverture, avec tout ce qu'on est allé chercher comme aide, comme support récurrent, avec l'aide de la fondation, peut-être qu'on a eu raison de fermer pour mieux rouvrir aujourd'hui avec l'assurance d'une meilleure viabilité. »

Les finances du centre Mélaric se sont trouvées sous pression, l'an dernier, dans la foulée de la réforme de l'aide sociale du gouvernement Couillard. La maison de désintoxication avait également connu des problèmes internes : il devait plus de 262 000 $ aux gouvernements fédéral et provincial, notamment en raison de la mauvaise gestion de son ancien directeur général, qui a été congédié.

Le jour où la fermeture a été annoncée, des pensionnaires en larmes ont défilé devant les caméras. Ces images ont fourni des munitions aux adversaires des politiques « d'austérité » du gouvernement Couillard.

Incompétence 

À l'Assemblée nationale, l'opposition a salué la réouverture du centre Mélaric, tout en dénonçant « l'incompétence » du gouvernement Couillard. Le député du Parti québécois, Jean-François Lisée, estime que le gouvernement libéral n'a fait que réparer un « gâchis » qu'il avait lui-même créé. « Ça aura pris six mois pour réparer quelque chose qui n'était pas brisé, qui n'aurait pas dû fermer, qui aurait pu être réformé de façon continue sans mettre dans la détresse les gens qui sont là », a dénoncé M. Lisée. La Coalition avenir Québec a abondé dans le même sens. Le député François Paradis craint que les résidants qui ont dû quitter le centre Mélaric en janvier aient pu abandonner leur thérapie dans la foulée de la « gaffe » du gouvernement libéral. « Un pot cassé recollé, ça n'a jamais tout à fait le même aspect, a-t-il dit. J'ose espérer que ces gens vont être capables de retrouver leurs racines, dans la mesure où ils sont capables de le faire. Mais tout ça, ce qu'il faut comprendre, c'est que ça aurait été évitable pour des gens qui sont manifestement parmi les plus vulnérables. »