Chaque année, le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) doit annuler environ 6% de ses interventions chirurgicales, soit plus de 2000 opérations. Des données obtenues grâce à la Loi sur l'accès à l'information révèlent les diverses raisons de cet état de fait.

Directeur des services professionnels et mécanismes d'accès au CHUM, le Dr Charles Bellavance explique que la gestion des priorités opératoires est comme une «grande chorégraphie» et que plusieurs facteurs peuvent entraver la planification initiale des journées aux blocs opératoires.

La surcharge du programme

La raison la plus courante pour annuler une intervention chirurgicale au CHUM est la surcharge du programme. En 2014-2015, 491 opérations ont été remises pour cette raison. Il s'agit d'une nette amélioration par rapport à 2010, où on a recensé 711 annulations pour surcharge du programme.

Le Dr Bellavance explique que chaque journée en bloc opératoire, qui dure normalement huit heures, est planifiée. «On estime qu'on a le temps de faire un certain nombre de cas durant la journée. Mais parfois, pour différentes raisons, un cas qui devait prendre 1 heure 30 en prend 1 heure 45. Parce qu'un examen plus précis est nécessaire, parce qu'une grosse urgence se présente dans une autre salle et que tout le personnel doit apporter son aide... Les patients qui sont prévus plus tard dans la journée peuvent alors voir leur opération reportée s'il manque de temps», dit-il.

Urgence

Toutes les deux semaines environ, les horaires du bloc opératoire sont diffusés et les chirurgiens et leurs équipes doivent établir les listes opératoires en fonction des patients en attente. Mais entre le moment où une chirurgie est mise à l'horaire et le moment où le patient passe sous le bistouri, différentes situations peuvent survenir, forçant le report de l'opération.

Par exemple, à 347 reprises l'an dernier, une chirurgie a dû être annulée parce qu'un cas plus urgent s'était présenté. Et dans 338 autres cas, l'opération a dû être reportée pour des raisons médicales. «Un patient peut par exemple avoir attrapé la grippe, et dans ce temps-là, on ne l'opère pas, car les risques de complications sont trop grands», illustre le Dr Bellavance.

Absence de l'usager

Au cours de l'année 2014-2015, 270 chirurgies ont été annulées parce que les patients ne se sont tout simplement pas présentés le jour prévu. «On essaie toujours de savoir pourquoi. Parfois, les patients ont encore des questions et préfèrent revoir leur chirurgien avant de procéder à l'opération», note le Dr Bellavance.

Manque de places dans l'hôpital

Occasionnellement, faute de lit aux soins intensifs ou à l'étage, où le patient doit séjourner après avoir été opéré, l'intervention doit être reportée. En 2014-2015, 38 chirurgies ont été annulées faute de places aux soins intensifs, et 11 faute de places aux étages.

Pas opéré si on a mangé

Le Dr Bellavance précise que les cas urgents de chirurgies ne sont jamais reportés. Mais dans le cas d'opérations électives, plusieurs raisons peuvent entraîner leur report. Parmi les autres raisons invoquées en 2014-2015 au CHUM, on note l'équipement manquant (16 cas), le personnel infirmier non disponible (11 cas), l'intervention qui n'est plus nécessaire (38 cas), l'usager qui a reçu son intervention dans un autre point de service (11 cas) ou le fait que l'usager a mangé (8 cas).

«On espère toujours qu'il n'y aura pas d'annulation. Mais il y a plusieurs facteurs qui peuvent venir jouer sur les horaires», résume le Dr Bellavance.

- Avec la collaboration de William Leclerc