Une résidante de Varennes a travaillé comme infirmière pendant cinq ans au département de psychiatrie de l'hôpital Jean-Talon, à Montréal, et a même été infirmière-chef du département, alors qu'elle n'avait pas de permis de pratique, a appris La Presse.

Sylvie Rousseau, 46 ans, a travaillé à l'hôpital Jean-Talon du 1er avril 2008 au 15 janvier 2013. Elle occupait le poste d'assistante infirmière-chef à l'unité de soins psychiatriques du centre de santé et de services sociaux (CSSS) du Coeur-de-l'Île (hôpital Jean-Talon).

Du 31 janvier au 16 juillet 2011, Sylvie Rousseau a même occupé temporairement le poste d'infirmière-chef de l'unité.

Une situation «inacceptable» pour la direction du centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l'Île-de-Montréal, qui chapeaute aujourd'hui l'hôpital Jean-Talon. Même si Sylvie Rousseau était titulaire d'un diplôme d'infirmière, selon le CIUSSS, elle n'avait pas de permis de pratique. «Il existait un processus de vérification des permis de pratique à l'époque. Mais il n'était visiblement pas parfait», affirme le porte-parole du CIUSSS, Hugo Larouche, qui ajoute que ce processus a été revu.

Huit chefs d'accusation

En octobre 2013, Sylvie Rousseau a comparu devant la justice pour faire face à huit chefs d'accusation pour avoir usurpé le titre d'infirmière. Elle a plaidé coupable aux huit chefs.

Elle a notamment reconnu avoir effectué un suivi infirmier en janvier 2012 pour discuter du placement éventuel d'un patient de l'unité de psychiatrie. 

Des patients ont-ils été lésés par le fait qu'une infirmière sans permis travaillait à leur chevet? M. Larouche n'a pas pu commenter le dossier plus en profondeur.

Il explique par ailleurs qu'en avril de chaque année, les 3000 infirmières du CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal doivent maintenant prouver qu'elles ont leur permis de pratique. «Une vérification est faite pour chacune d'entre elles. Si une personne est incapable de prouver son statut, elle est retournée à la maison immédiatement, sans salaire», précise M. Larouche.

Les vérifications pour l'année en cours viennent de se terminer au CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal. «Nos 3000 infirmières à l'emploi ont leur permis de pratique», assure M. Larouche.

L'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ) n'a pas voulu commenter le dossier de Sylvie Rousseau, et a suggéré à La Presse de faire une demande d'accès à l'information.

L'OIIQ explique toutefois qu'il est de la responsabilité des établissements de vérifier que les infirmières sont bel et bien inscrites à l'Ordre.

Un deuxième cas

Au début du mois d'avril, La Presse a rapporté l'histoire d'une autre femme ayant travaillé comme infirmière à l'hôpital Jean-Talon et à l'hôpital du Lakeshore alors qu'elle n'avait pas de permis de pratique.

Kim Larouche, 33 ans, a soigné des patients et leur a administré des médicaments aux urgences. Elle a été reconnue coupable des 27 chefs d'accusation qui pesaient contre elle et a été condamnée à payer 40 500 $.

Entre novembre et décembre 2009, la pseudo-infirmière a travaillé une vingtaine de jours à l'hôpital Jean-Talon et à l'Hôpital général du Lakeshore, à Montréal, en étant recommandée par une agence de placement infirmier.

Quatre nouvelles poursuites 

Chaque année, une poignée de charlatans tentent de se faire passer pour une infirmière au Québec. Selon le dernier rapport annuel de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, quatre nouvelles poursuites pénales ont été autorisées en 2014-2015 en matière d'usurpation de titre réservé et d'exercice illégal de la profession.

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Inscription essentielle à l'ordre des infirmières et infirmiers du Québec

Avocate à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, Me Marie Paré explique qu'il est essentiel d'être inscrite au tableau de l'Ordre pour pratiquer la profession au Québec. Cette inscription vient avec une série d'obligations, notamment celle de suivre de la formation continue, de respecter la confidentialité des dossiers et de suivre des règles déontologiques, explique MParé. « Dans le cas d'une infirmière non inscrite, quelle que soit la faute commise, les mécanismes de protection du public ne pourraient pas s'appliquer », résume MParé. D'où l'obligation pour toutes les infirmières de la province d'être inscrites au tableau de l'Ordre.