Une nouvelle loi votée en Californie faisant passer à 21 ans l'âge légal pour acheter des produits du tabac intéresse la Société canadienne du cancer, qui note que de grandes villes américaines, dont New York et Boston, appliquent déjà cette mesure. Explications.

Les législateurs californiens ont voté pour faire passer de 18 à 21 ans l'âge minimum requis pour acheter des produits du tabac, le mois dernier. C'est la première fois qu'un État très populeux aux États-Unis prend cette mesure : seul Hawaii a adopté une loi semblable l'an dernier. La loi a été critiquée par les élus républicains et certains démocrates. « Je ne fume pas, je n'encourage pas mes enfants à fumer, mais ils sont adultes, et notre travail est de traiter les citoyens comme des adultes, pas de les tenir par la main », a déclaré Donald Wagner, membre républicain de l'Assemblée, qui a voté contre la mesure.

75 % de la population appuie l'idée

Les élus qui ont appuyé la loi ont dit l'avoir fait à la lumière des plus récentes études : l'Académie nationale de médecine des États-Unis a estimé en 2015 qu'un âge minimum fixé à 21 ans préviendrait 223 000 morts prématurées, 50 000 morts causées par le cancer du poumon et 4,2 millions d'années de vie perdues chez les personnes nées entre 2000 et 2019. « Plus de 95 % des fumeurs adultes commencent à fumer avant l'âge de 21 ans », soulignent les chercheurs. Un sondage du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies montre que près de 75 % des adultes américains sont d'accord avec l'idée de faire passer l'âge minimum pour acheter des produits du tabac à 21 ans.

Et au Canada ?

Pour Rob Cunningham, analyste principal à la Société canadienne du cancer, l'idée de faire passer l'âge minimum à 21 ans est intéressante. « Il y a 135 municipalités dans neuf États aux États-Unis, dont New York et Boston, qui ont adopté l'âge minimum de 21 ans, dit-il en entrevue téléphonique. L'idée est de couper le lien avec les jeunes. Les études nous disent que les jeunes adolescents ont ainsi moins accès au tabac, car s'ils peuvent côtoyer quelqu'un de 18 ans qui peut leur acheter des cigarettes, c'est moins évident quand l'acheteur doit avoir 21 ans. Pour l'instant, nous n'avons pas fait de demande au gouvernement, mais nous suivons activement les développements aux États-Unis. »

Éliminer le tabagisme

Flory Doucas, codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, explique que son organisme s'est concentré jusqu'ici à faire en sorte que les jeunes ne veuillent plus se procurer des produits du tabac. « La question de l'âge n'était pas prioritaire pour nous, dit-elle. Cela dit, c'est une avenue qui mérite d'être explorée, à moyen ou à long terme, dans la perspective de passer à l'étape ultime pour, comme société, arriver à un jour éliminer le tabagisme. » Fait à noter : l'âge de la majorité et celui à partir duquel on peut se procurer des produits du tabac ne doivent pas nécessairement être les mêmes. En Ontario, l'âge de la majorité est fixé à 18 ans, mais il faut avoir 19 ans ou plus pour avoir le droit d'acheter du tabac.

Faire respecter les lois

Mario Bujold, directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé, dit ne pas être favorable à la hausse de l'âge légal pour acheter des produits du tabac au Québec. « C'est une chose d'adopter une loi, mais après ça, il faut avoir les moyens pour faire respecter cette loi-là. On sait que tous les détaillants ne respectent pas les lois en vigueur. » Selon la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, environ 15 % des détaillants vendraient illégalement des produits du tabac à des personnes mineures.

En chiffres

+ 50 %

Les adolescents québécois sont 50 % plus susceptibles d'avoir déjà essayé de fumer une cigarette que les adolescents ontariens.

Source : Santé Canada, The Youth Smoking Survey, 2012-2013 (données les plus récentes)

18 ans

Âge minimum pour acheter des cigarettes au Québec, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba

19 ans

Âge minimum pour acheter des cigarettes en Ontario, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nunavut