Deux députés fédéraux issus de factions politiques diamétralement opposées unissent leurs forces afin de promouvoir l'adoption d'une stratégie nationale sur la maladie d'Alzheimer et la démence.

L'ancien ministre et actuel député conservateur Rob Nicholson est l'architecte d'un projet de loi d'initiative parlementaire sur cette question qui, s'il est approuvé, établirait un cadre pancanadien pour mieux lutter contre ces maladies. Et il a l'appui d'un allié improbable: le député libéral Rob Oliphant.

M. Nicholson songe à ce plan national depuis que l'ex-député néo-démocrate Claude Gravelle a présenté, sans succès, un projet de loi semblable en 2015. Le conservateur estime que la proposition de son ex-collègue comportait des lacunes, mais l'idée était bonne, selon lui.

« J'y pense depuis ce temps-là. J'ai décidé d'aller de l'avant », a-t-il expliqué.

Le député conservateur a affirmé qu'il avait été témoin des effets dévastateurs de la maladie d'Alzheimer avant le décès de son père, en 1997.

« Je suis, sur plusieurs points, pareil à plusieurs millions d'autres Canadiens qui sont liés ou qui connaissent quelqu'un qui est aux prises avec [l'Alzheimer] », a-t-il soutenu en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le projet de loi de M. Nicholson vise à établir des cibles nationales pour améliorer la condition des personnes atteintes de ces maladies, ainsi que d'augmenter les investissements dans la recherche, surtout dans les domaines biomédical et clinique.

Le député s'est assuré que le projet la loi ne déborde pas dans les champs de compétence provinciaux - un enjeu qu'il connaît particulièrement bien puisqu'il a déjà été ministre de la Justice.

« C'est une des choses auxquelles j'ai pensé en premier [...] Je connais très bien la Constitution de ce pays et il y a une raison pourquoi les compétences sont divisées », a-t-il dit.

La Société Alzheimer Canada incite maintenant tous les députés à appuyer le projet de loi. Le nombre de Canadiens atteint de ces maladies pourrait grimper à 1,4 million d'ici 2031 - soit près du double des 747 000 personnes diagnostiquées en 2011, ce qui représente déjà 14,9 % des Canadiens de 65 ans et plus.

M. Oliphant a également été touché personnellement par ces maladies - en tant que pasteur de l'Église Unie, il a travaillé avec plusieurs familles qui ont dû lutter contre l'Alzheimer ou la démence.

Selon lui, la stature de M. Nicholson amène de la crédibilité au projet de loi, ajoutant qu'il avait un autre point commun avec son collègue conservateur: leur âge avancé.

« Je ne crois pas que c'est totalement accidentel. Nous avons une population vieillissante... Ce n'est pas seulement un enjeu de santé, c'est un enjeu économique », a-t-il indiqué.