Deux associations québécoises ont demandé au gouvernement Trudeau, vendredi, d'intégrer à la Loi sur l'aide médicale à mourir la directive médicale anticipée, c'est-à-dire la possibilité pour un patient de donner son consentement à l'avance aux soins de fin de vie.

L'Institut de planification des soins (IPS) et l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD) estiment que le Parlement fédéral doit respecter les principes de l'arrêt Carter de la Cour suprême, qui décriminalisait l'aide médicale à mourir, et donner suite rapidement aux recommandations du comité mixte spécial sur l'aide à mourir.

La directive médicale anticipée serait réservée aux personnes qui auraient reçu un diagnostic d'une maladie incurable qui les priverait éventuellement de pouvoir donner un consentement libre et éclairé au moment où elles pourraient demander l'aide médicale à mourir.

«On pense toujours tout de suite à l'Alzheimer, mais il y a beaucoup d'autres maladies aussi qui peuvent éventuellement entraîner une perte de capacités mentales, et à ce moment-là, les gens, s'ils sont atteints d'une manière où ils ont des souffrances persistantes et intolérables, ne pourront pas avoir accès à l'aide médicale à mourir», a expliqué la présidente de l'IPS, Danielle Chalifoux, en entrevue à La Presse Canadienne.

«On considère qu'il y a une discrimination quant aux caractéristiques mentales d'une personne, ce qui équivaut dans notre droit à un handicap mental. Alors juridiquement et humainement, on trouve qu'on devrait être capable de permettre - dans certaines conditions et avec des critères bien strictes - de pouvoir demander à l'avance (l'aide médicale à mourir) pour les personnes déjà atteintes», a-t-elle ajouté.

Les deux associations demandent également une intervention afin que toutes les institutions qui fonctionnent avec des fonds publics aient l'obligation de fournir l'aide médicale à mourir. Par communiqué, le président de l'AQDMD, le docteur Georges L'Espérance, rappelle que «la clause de conscience souvent invoquée par les détracteurs de l'aide médicale à mourir s'applique aux individus, pas aux organisations».

Au Québec, la Loi concernant les soins de fin de vie interdit expressément de demander l'aide médicale à mourir par directive anticipée. La loi québécoise reconnaît aussi aux maisons de soins palliatifs le droit de refuser l'accès à l'aide médicale.

«La loi québécoise est très restrictive. Elle a été entérinée avant l'arrêt Carter, qui a élargi les critères pour l'aide médicale à mourir, alors la loi se cantonnait dans son champ de compétences provinciales et c'est pour ça qu'il y avait des restrictions», a indiqué Mme Chalifoux, ajoutant que la décision de la Cour suprême fait en sorte que le consentement anticipé pourrait maintenant être permis et que si Ottawa s'y montre favorable, le Parlement québécois se devra d'adapter sa loi sur les soins de fin de vie.