Québec refuse catégoriquement que le premier ministre Justin Trudeau lui impose des conditions pour obtenir de nouveaux fonds fédéraux en santé.

«On ne va pas s'embarquer dans une dynamique de conditions. Nous sommes constitutionnellement le maître d'oeuvre en santé au Québec, et ça va rester», a affirmé le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, jeudi.

En entrevue à La Presse, M. Trudeau a déclaré qu'il est prêt à délier les cordons de sa bourse pour aider les provinces à financer adéquatement les soins de santé, mais que cela pourrait venir avec certaines conditions.

Gaétan Barrette a prévenu que la position du Québec est «très claire» sur le sujet: toute condition est inacceptable.

Certes, les enjeux du Québec en matière de santé peuvent être similaires à ceux du reste du Canada, notamment au sujet du vieillissement de la population. Mais il est hors de question qu'Ottawa dicte dans quels domaines les nouveaux fonds doivent être investis ou encore qu'il fixe des cibles de résultat, a réagi M. Barrette. «Je serais très surpris que les terrains sur lesquels voudrait intervenir le fédéral soient très différents des nôtres, mais je n'en vois pas là une condition.»

Il a rappelé l'accord sur le fédéralisme asymétrique conclu entre le gouvernement Martin et les provinces en 2004. Québec avait obtenu des fonds fédéraux en santé en n'ayant aucune condition à respecter.

«Le fédéralisme asymétrique fait en sorte que le gouvernement fédéral peut avoir des orientations et ce genre de choses, mais à partir du moment où le financement est augmenté et qu'on a notre quote-part appropriée, le Québec demeure maître d'oeuvre sur son territoire en termes de dispensation des soins», a-t-il souligné.

En campagne électorale, Justin Trudeau a promis de convoquer une rencontre fédérale-provinciale afin de convenir d'une nouvelle entente sur le financement des soins de santé. De son côté, le gouvernement Couillard réclame que la part du fédéral dans le financement des dépenses en santé soit augmentée à 25% (il était de 22,4% en 2013-2014; on prévoit 18% dans l'avenir). Le transfert fédéral doit être calculé en fonction de la démographie et non per capita, afin de tenir compte du vieillissement de la population, demande également Québec.