Au terme d'une réunion de deux jours à Vancouver, la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, a accepté de rehausser les transferts fédéraux en santé qu'elle versera aux provinces, sans toutefois préciser de montant. En entrevue hier, le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, a évoqué les sujets discutés avec ses homologues provinciaux cette semaine.

Financement modulé en fonction du vieillissement

Au cours des prochains mois, le principal enjeu entre Québec et Ottawa sera de déterminer comment les transferts fédéraux seront répartis entre les provinces, explique le ministre Barrette. «Nous voulons que le principal critère soit le vieillissement de la population», dit M. Barrette, qui reconnaît qu'il n'y a pas consensus sur le sujet au pays. Certaines provinces préféreraient par exemple que le taux de pauvreté ou le poids démographique des communautés autochtones jouent sur le financement. «Je crois aussi qu'il faut éviter de calculer les transferts fédéraux en fonction de plusieurs critères, car à ce moment, ça reviendra à calculer en fonction du per capita comme c'est fait actuellement», dit le ministre.

Frais accessoires

Même si divers organismes québécois ont demandé au cours des derniers jours à la ministre Philpott d'intervenir pour empêcher Québec de normaliser les frais accessoires, le sujet n'a pas été abordé lors de la rencontre. Le ministre Barrette dit toutefois avoir eu plusieurs discussions «de couloir» avec ses homologues. «Et le constat, c'est qu'on est à la même place que les autres», dit-il. Le ministre affirme qu'en Saskatchewan, les patients paient de leurs poches certains soins et que la province n'a subi aucune sanction du fédéral à ce sujet. «Il appartient aux provinces de gérer la santé», dit le ministre Barrette, qui estime que les «frais accessoires ne nuisent pas à l'accessibilité aux soins».

Président de l'Alliance des patients pour la santé, Jérôme Di Giovanni estime au contraire que les frais accessoires contreviennent à la loi canadienne sur la santé et que la ministre Philpott doit diminuer ses transferts fédéraux en conséquence. «La loi est claire. Même si le sujet n'a pas été abordé cette semaine, nous ne cesserons pas d'en parler», dit-il.

Soins de fin de vie

Dans un communiqué publié hier, le gouvernement fédéral dit reconnaître la loi québécoise sur l'aide médicale à mourir. «Nos gouvernements continueront de viser l'adoption d'une approche cohérente à ce sujet au Canada», est-il écrit. Le ministre Barrette dit avoir été «surpris» de constater que des provinces canadiennes avaient mené «beaucoup de travaux» relatifs aux soins de fin de vie. «Plusieurs se sont alignées sur le Québec», dit-il.

Légalisation de la marijuana

Plusieurs priorités de soins ont été établies lors de la réunion des ministres, dont les soins à domicile, les soins en santé mentale, l'accès abordable aux médicaments d'ordonnance et l'amélioration de la santé des peuples autochtones. La question de la légalisation du cannabis a longuement été discutée. Mais aucun consensus n'en a été tiré selon le ministre Barrette. Alors que la Colombie-Britannique souhaite qu'Ottawa établisse rapidement des règles claires à ce sujet, le Québec souhaite plutôt que le fédéral «prenne son temps pour faire les choses correctement», dit-il.