Les Canadiens qui sont gravement malades sont carrément «laissés pour compte» en matière de soins palliatifs, affirme la Société canadienne du cancer dans un rapport qu'elle vient de publier.

Ces soins sont insuffisants et, en plus, l'accès à ces soins varie énormément d'une province à l'autre, voire d'une région à l'autre au sein d'une même province, déplore la SCC.

Dans son rapport, elle déplore également le manque de formation des médecins et infirmières en la matière.

Ce rapport de la Société canadienne du cancer est diffusé alors que la question de l'aide médicale à mourir revient dans l'actualité, tant sur la scène fédérale que provinciale.

Quand on parle de soins palliatifs, on parle de soins de confort, pour la qualité de vie d'une personne gravement malade, mais aussi de soutien social et spirituel, puis du contrôle de la douleur. Des services peuvent également être offerts à la famille.

La SCC souligne que seul le Québec a adopté une loi garantissant des soins de fin de vie pour les personnes atteintes d'une maladie incurable.

Mais même au Québec, l'accès aux soins palliatifs varie selon la région d'un accès de 20 à 60 %, note André Beaulieu, porte-parole de la Société canadienne du cancer.

En Ontario, 40 % des patients atteints de cancer ne reçoivent pas d'évaluation de leurs besoins en soins palliatifs au cours de la dernière année de leur vie, note le rapport de la SCC.

Dans la région de l'Atlantique et dans l'ouest du pays, moins de la moitié des personnes qui meurent à l'hôpital reçoivent des soins palliatifs.

«Quand il y a des soins palliatifs qui sont offerts, ils sont de bonne qualité, mais encore faut-il qu'ils soient accessibles. Et c'est là que le bât blesse. On voit qu'il y a une grande disparité au niveau de l'accessibilité des soins palliatifs à travers le pays et même dans une même province», déplore M. Beaulieu en entrevue.

«Même à Montréal, dans certains endroits, si on veut avoir des services à la maison dans le domaine des soins palliatifs, les CLSC étant responsables de leur budget individuellement, nous on y a peut-être droit et notre voisin en face qui tombe sous la juridiction d'un autre CLSC n'aura peut-être même pas droit à ça. Ça devient un peu comme «ai-je le bon code postal pour avoir droit à des soins palliatifs?» C'est un non-sens», dit-il.

Demandes

Le 20 février, le gouvernement fédéral rencontrera les représentants des provinces afin de discuter de l'accord sur la santé qui doit être renouvelé.

La SCC souhaite qu'à cette occasion, la question des soins palliatifs soit au menu et que l'on s'assure par des lois fédérales et provinciales que l'accès à ces soins soit garanti pour tous les Canadiens. «On souhaite qu'ils puissent parler de soins palliatifs et qu'ils puissent s'assurer au niveau législatif que les soins palliatifs soient désormais inclus dans les lois, un peu comme ça vient d'être fait au Québec avec la loi sur les soins de fin de vie», affirme M. Beaulieu.

La Société canadienne du cancer demande aussi que l'on investisse dans l'amélioration de l'accès aux soins palliatifs.

Elle souhaite également que l'on atténue les répercussions financières de la maladie sur les patients et leurs proches.

M. Beaulieu rappelle que bien que la majorité des Canadiens souhaitent mourir à la maison, ce ne sont pas tous les gens qui peuvent le faire. Et il rappelle qu'en plus, les soins à la maison sont moins coûteux pour le système de santé.

«Quand on regarde un lit de soins dans un hôpital, c'est un lit qui coûte 1100 $ par jour. Un lit de soins palliatifs en milieu hospitalier va coûter, lui, 770 $ par jour. Le même lit dans une maison de soins dédiés en soins palliatifs tombe à 360 $ et, en moyenne, la personne qui est traitée à la maison avec des soins palliatifs, ça va coûter à l'État 100 $ par jour», résume M. Beaulieu.