Au terme d'un blitz de négociations de 10 jours dans lequel le ministre de la Santé s'est impliqué activement, Québec a finalement obtenu vendredi soir une entente de principe à la table sectorielle avec la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

« C'est une entente historique », se sont réjouis Gaétan Barrette et sa vis-à-vis Régine Laurent. C'est le plus important groupe d'employés de la fonction publique à s'entendre avec le gouvernement cet automne.

La présidente de la FIQ, Régine Laurent, s'est félicitée samedi matin, en point de presse, d'avoir arraché des « gains majeurs » au gouvernement Couillard pour le renouvellement de la convention collective des 66 000 membres du syndicat. Cette entente, qui demeure conditionnelle aux discussions sur les salaires et la retraite, sera soumise mardi aux délégués de la FIQ en conseil général et sera évidemment recommandée par l'exécutif de la Fédération. Elle ne règle toutefois que les clauses non pécuniaires, puisqu'une table de négociation distincte est consacrée aux salaires et à la retraite.

Les négociations vont « avancer assez rondement » sur la table principale, affirme Régine Laurent. Toutefois, le gouvernement Couillard « aurait intérêt » à s'entendre avec les syndicats de la fonction publique « avant Noël », prévient-elle. Le ministre Barrette se dit « absolument convaincu » qu'une entente finale sur le salaire et la retraite sera signée d'ici Noël, dans moins de trois semaines. « J'ai très très très confiance que mon collègue [Martin] M. Coiteux va arriver à destination avant Noël », a-t-il assuré, en mêlée de presse, à Montréal.

Un premier gain majeur pour les infirmières : un ratio « adéquat » d'infirmières par patient dans les services sera mis en place pour la première fois dans tous les services. Il sera déterminé à la suite de projets-pilotes. Seuls deux services avaient auparavant un tel ratio formel.

Hausse des ratios

Pour en arriver à une entente, Québec a aussi dû concéder aux infirmières une hausse importante des ratios de postes à temps plein du personnel de soins. La proportion minimum d'infirmières à temps plein passera de 50 % à 62 %, et de 34 % à 50 % pour les infirmières auxiliaires. Même chose pour les inhalothérapeutes, qui verront leur ratio passer de 45 % à 54 %.

« Les affichages de postes à temps plein, c'est une bonne chose. Une revendication des infirmières et infirmiers du Québec était voulait que le gouvernement faisait beaucoup trop appel à de la main-d'oeuvre indépendante. C'est un bel exemple de sujet avec lequel j'étais personnellement d'accord », a déclaré le ministre Barrette, sans toutefois confirmer si la hausse de ratios se traduira par des embauches d'infirmières et par moins de contrats donnés au secteur privé.

À l'instar des autres infirmières, les infirmières auxiliaires seront désormais payées pour leur « chevauchement », c'est-à-dire les heures travaillées à retranscrire des données cliniques. Il s'agissait d'une demande « de longue date » du syndicat. « Cette fois-ci, on y est arrivé, le chevauchement sera pleinement reconnu pour toutes les infirmières auxiliaires qui oeuvrent en CHSLD », a affirmé Régine Laurent. 

Les primes de responsabilité en soins critiques, obtenues à la dernière négociation, seront aussi étendues pour les infirmières travaillant en bloc obstétrical, en salle d'opération et en hémodynamie.

Les infirmières avaient claqué la porte de la table de négociation il y a quelques mois pour dénoncer les offres gouvernementales. Le ministre Gaétan Barrette est alors intervenu personnellement « pour rétablir les ponts » avec la Fédération. Depuis, le ministre et la présidente de la FIQ se sont parlé « parfois plusieurs fois par jour » pour faire avancer les négociations, a dit M. Barrette. Selon Régine Laurent, le « ton avait changé à la table des négociations » après ce coup d'éclat.