Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, s'attend à conclure dans les prochains jours une entente avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), comme il l'a fait en mai avec les médecins omnipraticiens.

Les spécialistes échapperaient donc eux aussi au projet de loi 20 en échange d'un engagement à donner un meilleur accès à leurs services. S'ils ne respectaient pas cet engagement d'ici le 31 décembre 2017, les sanctions prévues au projet de loi s'appliqueraient, comme une coupe de la rémunération pouvant aller jusqu'à 30 %.

« Je m'attends à ce qu'il y en ait une (entente), c'est là où on est rendu. On est très très avancés », a dit M. Barrette au sujet de ses discussions avec la FMSQ, fédération qu'il a présidée avant de faire le saut en politique. « Donnez-moi jusqu'à la semaine prochaine incluse, et ce devrait être réglé. »

Pour le moment, il ne croit pas que ce sera une entente « mur à mur ». « Ce n'est pas enligné aujourd'hui pour ça, mais elle sera satisfaisante pour les deux parties. »

Il y a « peu de chances » selon lui qu'il y ait un accord au sujet de l'article 39 du projet de loi 20. Cet article donnerait le pouvoir au ministre d'apporter lui-même des modifications aux modalités de rémunération des médecins lorsqu'il croit que ces modifications permettraient d'améliorer l'accès aux services et qu'elles ne pourraient être convenues avec les fédérations dans un délai qu'il estime acceptable. « Je ne discuterai pas de ça sur la place publique, parce que c'est trop sensible », a dit M. Barrette. Il a fait valoir que ces modifications éventuelles seraient « ponctuelles », « très marginales » sur la masse salariale des médecins, mais « significatives pour la société ».

Après des mois de débats, l'étude détaillée du projet de loi 20 s'est terminée mercredi en commission parlementaire. Plusieurs amendements ont été adoptés en cours de route. À la surprise de l'opposition, le ministre en a déposé 20 mardi. L'un a été écarté parce qu'il ne concernait pas le sujet du projet de loi. Il s'agissait de changements dans les méthodes d'achat de médicaments. Déçu du rejet de ces changements, Gaétan Barrette a accusé la porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Diane Lamarre, de se retrouver en conflit d'intérêts parce qu'elle est pharmacienne.

Le député péquiste Jean-François Lisée s'est porté à la défense de sa collègue. Cette dernière ne travaille pas sur les dossiers concernant les pharmaciens, a-t-il indiqué. « Je trouve ça vraiment goujat de la part du ministre d'avoir fait ça alors qu'elle n'a rien à se reprocher. (...) M. Barrette est un médecin spécialiste, radiologue, ancien chef syndicat qui négocie avec son ancien syndicat... M. Barrette, c'est un conflit d'intérêts ambulant. »

Pour M. Lisée, Gaétan Barrette a tenté de « bulldozer » l'opposition mardi. Le Parti québécois réclame une nouvelle politique du médicament ou une loi-cadre en la matière, et non des changements « à la pièce », « sans consultation », a précisé M. Lisée.

Avec un autre amendement, jugé irrecevable lui aussi, le ministre Barrette voulait exclure les PDG des établissements de santé du champ d'application de la loi sur le lobbyisme.

Selon Jean-François Lisée, le projet de loi 20 est « moins dommageable » grâce aux amendements soumis par Diane Lamarre. Il trouve « inacceptable » que le ministre ait profité du projet de loi 20 pour légaliser les frais accessoires imposés aux patients.