La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) se trompe en refusant de mener un débat public sur la question des frais accessoires. Dans une lettre envoyée aux médias, un groupe de treize médecins spécialistes prend ouvertement position contre leur Fédération, qu'il accuse de « ne pas prendre ses responsabilités ».

« Il faut ouvrir le débat sur la question des frais accessoires et mettre le patient au coeur de la décision », estime le pédiatre Francis Livernoche, l'un des signataires de la lettre.

En juin, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, annonçait vouloir permettre et encadrer les frais accessoires actuellement facturés dans les cabinets privés de médecins. La proposition, contenue dans un amendement au projet de loi 20, prévoit qu'un comité tripartite établirait un prix pour chaque acte.

« On veut mettre un terme au débat sur les frais accessoires avec cet amendement-surprise. Il ne faut pas. Cette approche ouvre la porte à la privatisation des soins », estime le Dr Livernoche.

Inquiétudes sur les frais

Un peu plus tôt ce mois-ci, l'Association médicale du Québec (AMQ) réclamait un débat public sur la question des frais accessoires. Mais pour la présidente de la FMSQ, la Dre Diane Francoeur, l'heure n'est plus au débat public. Dans une lettre envoyée à ses membres, la Dre Francoeur estime qu'il est plutôt temps de « faire des travaux basés sur des données documentées ».

Le Dr Livernoche et ses cosignataires contestent cette prise de position et estiment que ce refus de débattre de la question est « antidémocratique ». Ils réclament plutôt l'abolition de tous frais aux patients.

La présidente de l'Association médicale du Québec (AMQ), la Dre Yun Jen, a publié un nouveau communiqué, hier, dénonçant les frais accessoires. Avec ses amendements, « le gouvernement consacre un système à deux vitesses et une privatisation à la pièce du système de santé », écrit la Dre Jen.

La Dre Francoeur réplique que les frais accessoires existent depuis 2007 au Québec. « On a eu tout ce temps pour débattre de la question. Le ministre vient de trancher. Il faut régler la question une fois pour toutes », estime-t-elle.

Prendre ses responsabilités

Pour le Dr Livernoche, c'est plutôt à la FMSQ de régler la question des frais accessoires en négociant à la hausse l'enveloppe budgétaire que lui verse Québec. « C'est à la FMSQ de faire augmenter cette enveloppe et de la distribuer à leurs membres selon leur pratique », estime le Dr Livernoche.

La FMSQ devrait « convaincre le ministère d'injecter de l'argent supplémentaire ou rapatrier certains services dans le public ».

Pour le Dr Livernoche et ses cosignataires, légaliser les frais accessoires est inacceptable. « Ce n'est tout simplement pas aux patients d'essuyer cette charge supplémentaire », écrivent-ils.

La Dre Francoeur assure que la FMSQ « défend un système public de santé fort ». « Mais on veut normaliser une situation qui a dérapé », dit-elle.