Le doute est semé quant à savoir si les cliniques dirigées par des Groupes de médecine familiale (GMF) vont accueillir des patients le soir et le week-end, une fois la loi 20 adoptée.

L'opposition décèle une brèche dans le projet de loi, tandis que le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, se fait rassurant, tout en se montrant de plus en plus irrité de constater que l'étude du projet de loi 20, déposé en novembre 2014, piétine.

En commission parlementaire, mardi, l'opposition péquiste et l'opposition caquiste ont tenté tour à tour de forcer le ministre Barrette à fournir des garanties d'accessibilité de soins dans les GMF le soir et le week-end.

Sur tous les tons, le ministre Barrette a répliqué que la demande était irrecevable. Il a dit qu'il ne pouvait pas garantir aux patients un certain nombre d'heures d'ouverture, les médecins étant des travailleurs autonomes. Le contraire serait inconstitutionnel, a-t-il fait valoir, rappelant que les médecins se sont par ailleurs engagés à prendre plus de patients, donc à assurer une plus grande assiduité dans les GMF.

«L'assiduité, implicitement, exige des heures étendues», a fait valoir le ministre, en point de presse.

Si elle imposait un certain nombre d'heures, la loi 20 pourrait alors être contestée en cour et invalidée, a argumenté le ministre Barrette, pour obtenir l'adhésion des partis d'opposition. «Vous mettez le projet de loi à risque», a-t-il lancé aux députés des partis d'opposition.

Le député péquiste de Richelieu, Sylvain Rochon, a réagi en qualifiant d'«intimidation» le propos du ministre.

Dans un dialogue de sourds, le gouvernement est persuadé de pouvoir offrir un meilleur accès aux soins en incitant les médecins à prendre plus de patients sous peine de sanctions, tandis que l'opposition exige des garanties quant au nombre d'heures d'ouverture des cliniques pour obtenir le même résultat.

Les deux approches sont complètement différentes et les ponts, entre les deux côtés de la Chambre, demeurent à être construits.

Le ministre Barrette estime que l'opposition, particulièrement la porte-parole péquiste Diane Lamarre, fait de l'obstruction systématique pour retarder ou empêcher l'adoption du projet de loi, qui vise à assurer un meilleur accès aux soins et à encadrer par ailleurs les techniques de procréation assistée.

Il lui reproche notamment d'avoir affirmé qu'il manquait de sensibilité envers les malades, un commentaire «insultant et de bas étage».

Le projet de loi 20 en est rendu à l'étape de l'étude détaillée article par article.

En point de presse, dans ce contexte, le ministre Barrette n'a pas écarté la possibilité de forcer l'adoption du projet de loi 20 cet automne, si rien ne bouge, comme il avait fait avec son projet de loi 10 prônant l'abolition des agences de santé, adopté sous bâillon en février 2015, au grand dam de l'opposition.

«Plus c'est adopté rapidement, mieux c'est», a-t-il résumé, ne cachant plus son impatience et son agacement de voir les choses traîner.

Il a noté que la commission avait consacré pas moins de 24 heures à l'étude d'un seul article du projet de loi, sans pour autant en arriver à un consensus, «et ça m'irrite, oui».

À l'heure actuelle, un peu plus de la moitié seulement (53 pour cent) des GMF respectent les normes exigées par Québec en termes d'accessibilité.

C'est beaucoup trop peu, insiste l'opposition péquiste. «L'inscription (dans un GMF) ne donne pas une garantie d'accessibilité (à un médecin) quand on va en avoir besoin. C'est ça qui est le coeur du besoin des Québécois. Ça nous montre que le ministre, dans ses ententes (avec les médecins), n'a pas garanti cette accessibilité-là», a commenté de son côté Mme Lamarre.

Le député caquiste François Paradis a renchéri pour juger qu'il «y a une faille au chapitre de la disponibilité et des heures à faire de pratique dans les Groupes de médecine familiale». Il reste à savoir comment la colmater.