Les ministres conservateurs se montrent hésitants à répondre aux questions sur la décision de Santé Canada d'approuver la pilule abortive appelée RU-486.

Un quart de siècle après l'accès donné à ce médicament aux femmes en France, la pilule abortive sera finalement disponible au Canada.

Santé Canada a confirmé tard mercredi avoir approuvé le médicament pour usage au Canada, deux années et demie après la soumission du fabricant. Les femmes devront obtenir une prescription d'un médecin pour acquérir la pilule abortive.

Le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, n'a pas voulu commenter la décision, alors qu'il était en visite à Calgary, jeudi. M. MacKay a affirmé que les questions devaient être adressées à la ministre de la Santé, Rona Ambrose, et son ministère.

«Il s'agit d'un enjeu qui touche les femmes, les familles, les Canadiens partout au pays, mais je crois que votre question serait plus à propos pour Santé Canada. Il est préférable de garder pour soi les opinions personnelles», a dit M. MacKay.

Mme Ambrose a affirmé à des journalistes à St. Albert, en Alberta, qu'elle n'avait pas été responsable de cette décision et que les questions devaient être soumises à son ministère, notamment aux scientifiques qui gèrent le processus réglementaire.

«Ce n'est pas entre mes mains et la décision est finale», a dit Mme Ambrose.

«Pour n'importe quel de ces détails, vous devriez parler aux responsables à Santé Canada et aux scientifiques qui en fait gèrent le processus d'approbation réglementaire. Je ne suis pas impliquée (dans le processus)», a-t-elle ajouté.

Mme Ambrose a annulé deux événements prévus jeudi après-midi et vendredi à Edmonton et dans les environs. Aucune raison n'a été donnée.

La présidente et chef de la direction de la Fédération nationale de l'avortement et de sa division canadienne NAF Canada, Vicki Saporta, a soutenu qu'il était grand temps que Santé Canada approuve cette méthode d'interruption volontaire de grossesse dans les premières semaines, qu'elle a qualifiée d'«efficace et très sécuritaire».

Le médicament a été approuvé pour usage aux États-Unis en 2000. Selon Mme Saporta, des femmes dans 60 pays ont accès à la pilule abortive.

La professeure Ashley Waddington, une experte de la planification familiale à l'Université Queen's de Kingston, en Ontario, a salué la décision de Santé Canada. Elle a parlé d'un pas dans la bonne direction pour le gouvernement et les Canadiennes.

Mme Waddington a souligné que la décision survenait dix ans après que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) eut ajouté cette pilule abortive à sa liste de médicaments essentiels.

«En fait, l'avortement médical est disponible au Canada depuis des décennies. Toutefois, les Canadiennes devaient jusqu'à ce jour se fier à des produits moins efficaces et moins sécuritaires», a-t-elle fait valoir.

Un député conservateur fédéral de la Saskatchewan a quant à lui condamné fortement le gouvernement pour avoir approuvé le médicament.

«Il s'agit d'une combinaison dangereuse de produits qui détruit les tissus dans l'utérus d'une femme dans le but de tuer son enfant à naître, a dit David Anderson par communiqué. Je suis extrêmement déçu que Santé Canada juge cela acceptable pour les Canadiens.»