La Société canadienne du cancer hausse le ton, se disant mécontente de la timidité des investissements du gouvernement fédéral dans la lutte contre le cancer. À l'approche de la campagne électorale fédérale, elle interpelle les chefs des partis politiques à ce sujet.

Au cours d'une entrevue mardi, André Beaulieu, porte-parole de la Société canadienne du cancer, a ciblé trois secteurs dans lesquels le gouvernement fédéral devrait investir plus généreusement, soit les soins palliatifs, la lutte contre le tabagisme et la recherche sur le cancer.

À titre d'exemple, il déplore le fait que le gouvernement touche 700 millions $ en taxes sur le tabac, mais n'en réinvestit qu'un pour cent dans la prévention. Le gouvernement fédéral s'est «désengagé» de cette lutte contre le tabagisme, affirme la Société canadienne du cancer.

De même, certains organismes qui oeuvrent dans ce domaine ont vu leur subvention réduite, comme le Conseil canadien pour le contrôle du tabac, l'Association pour les droits des non-fumeurs et Médecins pour un Canada sans fumée, rapporte la Société canadienne du cancer.

Dans le domaine de la recherche aussi, la Société canadienne du cancer estime que le gouvernement fédéral en fait trop peu. M. Beaulieu concède que le gouvernement fédéral investit 1 milliard $ annuellement dans la recherche contre le cancer, mais il estime que c'est bien peu à comparer avec les coûts du cancer pour la société et le nombre de Canadiens touchés par cette maladie.

La Société canadienne du cancer rapporte que 40% des Canadiens seront atteints d'un cancer au cours de leur vie. D'ici 2030, elle s'attend à ce que le nombre total de cas de cancer ait augmenté de 40%.

La présidente et chef de la direction de la Société canadienne du cancer, Pamela Fralick, parle carrément d'un gouvernement fédéral qui «est déconnecté des véritables besoins des Canadiens en matière de santé depuis quelques années» et qui ne saisit pas que «nous sommes face à un défi pancanadien qui exige une solide intervention nationale».

M. Beaulieu se montre moins cinglant face au gouvernement fédéral. Pour ce qui est de la lutte contre le cancer, «il en fait une partie, mais en fait-il suffisamment? La réponse, c'est non. C'est la même chose à l'échelle provinciale: il y a plein de dossiers sur lesquels on peut dire qu'il y a davantage à faire. À la Société, on le dit depuis des années: il faudrait que le cancer devienne une priorité gouvernementale et qu'on s'y attarde.»

Pour les soins palliatifs également, M. Beaulieu estime que le gouvernement fédéral est trop timide. Il admet que le fédéral a récemment modifié le régime d'assurance-emploi pour permettre de prolonger les prestations de compassion versées aux proches aidants, mais souligne que les personnes malades, elles, ont encore trop peu accès aux services et soins et même aux prestations d'assurance-emploi pour elles-mêmes.

La Société canadienne du cancer attend des engagements clairs de la part des partis politiques fédéraux quant à un réinvestissement du gouvernement fédéral dans la lutte contre le cancer.

«On vient de lancer cette plateforme. On s'attend à ce qu'ils nous reviennent avec quelque chose de concret, une réponse à nos trois demandes. À la veille de l'été, on leur donne ce cahier pour qu'ils puissent le lire, le regarder, y réfléchir et nous donner justement un engagement concret et nous dire comme partis ce qu'ils comptent faire pour lutter contre le cancer», résume M. Beaulieu.

Réplique

À Ottawa, le cabinet de la ministre de la Santé, Rona Ambrose, a affirmé avoir fait «des investissements sans précédent dans la lutte contre le cancer» depuis l'entrée en fonction du gouvernement conservateur en 2006. La ministre cite entre autres la création du Partenariat canadien contre le cancer, qui assure la mise en oeuvre de la Stratégie canadienne de lutte contre le cancer.

Elle souligne également que le gouvernement a investi plus de 1,3 milliard $ dans la recherche contre le cancer et 43 millions $ pour soutenir la recherche sur les soins palliatifs.

Elle ajoute que le tabagisme a diminué de 22 à 16% au cours de la dernière décennie.

La ministre Ambrose note également que le gouvernement fédéral verse des transferts aux provinces pour la santé, ce qui leur permet d'offrir à leur tour des soins et services de santé. Elle parle ainsi d'un «financement sans précédent destiné aux soins de santé de première ligne», qui atteindra 40 milliards $ par année d'ici la fin de la décennie.