Plus que jamais, les différents professionnels de la santé doivent travailler de concert pour mieux traiter les patients. Après des mois de discussions, le Collège des médecins, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et l'Ordre des pharmaciens du Québec ont diffusé, lundi après-midi, leur énoncé conjoint visant à améliorer la collaboration entre les professionnels de la santé.

«Il y a de plus en plus de complexité dans les soins. On n'a plus le choix de travailler ensemble», a déclaré la présidente de l'Ordre des l'OIIQ, Lucie Tremblay.

Le président du Collège des médecins, le Dr Charles Bernard, estime que «plus que jamais, les médecins sont appelés à adapter leur pratique afin de favoriser l'interdisciplinarité et d'assurer un meilleur accès aux services de santé».

Alors que le réseau de la santé subit de multiples changements, il est temps «d'envoyer un signal fort pour améliorer les pratiques collaboratives», dit Mme Tremblay.

Appuyé par 20 autres ordres professionnels de la santé, l'énoncé n'est qu'une «première étape», affirme le président de l'Ordre des pharmaciens du Québec, Bertrand Bolduc. «Nous allons établir éventuellement des standards de pratique commune», dit-il.

L'objectif ultime de cet énoncé est d'améliorer l'accès aux soins pour les patients, mentionne Mme Tremblay. Car le travail d'équipe en santé a déjà fait ses preuves. «Certains programmes ont démontré, entre autres, des réductions des visites à l'urgence de l'ordre de 50 à 60 % pour les usagers pris en charge selon des pratiques interprofessionnelles», dit Mme Tremblay, qui a également profité de l'occasion pour demander au gouvernement de «déployer plus d'équipes de travail multidisciplinaires pour traiter notamment les maladies chroniques».

«La collaboration demande des efforts et une volonté de comprendre et d'intégrer les rôles de chacun [...] Aujourd'hui, nous réaffirmons notre engagement de travailler en ce sens», affirme le Dr Bernard.

Les trois ordres ont reconnu que l'importance du travail d'équipe est connue depuis longtemps, mais que les progrès sont lents. « Des fois, c'est long avant que ça change », a reconnu le Dr Bernard, tout en évoquant les « problèmes de bureaucratie » du réseau.

Parmi les changements qui se dessinent, les infirmières pourraient avoir le droit de prescrire dès janvier 2016. Dès le 20 juin, les pharmaciens pourront aussi élargir leur pratique et prescrire pour des conditions mineures.

Le Dr Bernard a également énuméré une quinzaine de dossiers de travail multidisciplinaire actuellement étudiés par le Collège des médecins, comme celui des infirmières praticiennes spécialisées, des diététistes et des sages-femmes.

Pour Lucie Tremblay, la priorité doit aller aux maladies chroniques. « On a présentement 21 % d'infirmières qui travaillent dans la communauté. Ce n'est pas assez. On devrait viser 75 %. Ça prend une volonté de déployer ces équipes », dit-elle.