Il est possible de prévenir, de retarder ou de réduire la consommation de cannabis - jusqu'à 75% - chez les jeunes à risque. Il s'agit de faire des interventions brèves et ciblées selon le type de personnalité, ont démontré des chercheurs de l'Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine. Leur étude, menée dans 21 écoles britanniques, est publiée en ligne sur le site de la revue Addiction.

Un cerveau en danger

Chez les jeunes, le cannabis est la drogue illicite la plus populaire à travers le monde, écrivent les auteurs de l'étude. « Il a été démontré que la consommation précoce de cannabis est associée à une exacerbation des troubles psychiatriques, dont le déclenchement d'une psychose. Les effets sont particulièrement marqués si la consommation est régulière avant l'âge de 17 ans », explique l'auteure principale Patricia Conrod, psychologue clinicienne et professeure au département de psychiatrie de l'Université de Montréal. Les jeunes consommateurs s'exposent aussi à des déficits neurocognitifs, des résultats scolaires moindres, une attention réduite et une augmentation des risques d'accident de la route. D'où l'importance de prévenir, insiste-t-elle.

Quatre profils à risque

Certains élèves, selon leur profil de personnalité, sont plus à risque de consommer du cannabis que leurs pairs. Les traits associés sont : recherche de sensations fortes, impulsivité, sensibilité à l'anxiété et pensées négatives. « Les jeunes à la recherche de sensations fortes sont les plus à risque de consommation précoce, tandis que les impulsifs sont plus enclins à consommer de façon compulsive », précise Mme Conrod.

Deux séances, un impact

Dans le cadre de l'étude, des enseignants (ayant reçu une formation de trois jours) ont animé deux séances de groupe de 90 minutes. « Les élèves à risque étaient regroupés selon leur type de personnalité, ils étaient encouragés à discuter des façons de gérer cette personnalité et les comportements à risque associés et de favoriser des attitudes favorables à l'atteinte de leurs objectifs à long terme. Le ton était positif », explique Mme Conrod. Au total, 1000 élèves (âgés en moyenne de 13,5 ans) ont participé à l'étude.

Des résultats concluants

Pendant l'étude menée sur deux ans, 25 % des participants ont commencé à consommer du cannabis. Selon les chercheurs, l'intervention a mené à une diminution de 33 % des taux de consommation dans les six premiers mois. Cette diminution a été de 75 % dans le groupe des amateurs de sensations fortes. Les chercheurs ont également noté une réduction de la fréquence de consommation jusqu'au terme de l'étude et ce, pour l'ensemble des groupes.

Des programmes à revoir

« Nous sommes une des premières équipes dans le monde à le démontrer : la consommation précoce de cannabis peut être évitée ou réduite chez les jeunes à risque grâce à une intervention brève, dit Patricia Conrod. Il serait peut-être temps de revoir les programmes offerts dans les écoles au Québec dont l'efficacité n'a pas été démontrée et se tourner vers des méthodes qui ont fait leurs preuves. »